Geneviève Jeanson verra sa vie, sa carrière et ses déboires médiatiques transposés au grand écran. Le long métrage, baptisé provisoirement L'histoire d'un mensonge, sera réalisé par Alexis Durand-Brault et produit par Richard Lalonde, le tandem de Ma fille, mon ange, au troisième rang des films québécois les plus populaires au box-office en 2007. Claude Lalonde, coscénariste des 3 p'tits cochons, en écrit le scénario.

L'histoire de l'ex-championne cycliste de 26 ans Geneviève Jeanson, qui a admis l'automne dernier s'être dopée à l'EPO pendant des années à l'émission Enquête de Radio-Canada, a bouleversé le cinéaste Alexis Durand-Brault, qui a décidé de consacrer son prochain film à sa vie mouvementée.

«J'aimais l'athlète que j'allais voir courir sur le mont Royal à l'époque, raconte le réalisateur. Puis quand je l'ai vue à Enquête, je me suis demandé quel était le prix à payer pour réussir.»

Avec Richard Lalonde, Durand-Brault s'est alors mis en tête de communiquer avec Jeanson. Trois semaines, des coups de téléphone et des échanges de courriels plus tard, le tandem recevait un appel de Jeanson. En novembre 2007, le producteur et réalisateur ont ainsi rencontré à Las Vegas l'athlète, qui vit aujourd'hui à Phoenix. Puis, ils l'ont invitée, la semaine dernière, à Montréal.

Cette fois, elle s'est confiée à Alexis Durand-Brault et Claude Lalonde, pendant quatre jours, dans une chambre d'hôtel. «Elle était ouverte, soutient le réalisateur. Elle nous a fait plusieurs révélations. J'ai compris pourquoi elle avait menti. Elle était prise dans un engrenage. Enquête a mis en lumière qu'elle se dopait, mais ça va beaucoup plus loin. Je suis sorti de chaque rencontre ébahi et épuisé.»

«Elle nous a dit qu'elle aurait aimé avouer qu'elle se dopait il y a plusieurs années», poursuit Claude Lalonde.

Nécessaire fiction

Si la trame du film sera calquée sur la vie de Geneviève Jeanson, ses producteur, réalisateur et scénariste préfèrent parler d'une oeuvre de fiction «inspirée de la vie de Geneviève Jeanson».

Le long métrage va décortiquer le système sportif, les liens de l'athlète avec son entourage, ses médecins et son entraîneur, mais l'héroïne à l'écran portera un autre nom. «Je veux me permettre l'ajout d'éléments dramatiques, dit Durand-Brault. L'histoire d'un mensonge sera aussi une métaphore sur la société prête à tout pour réussir.»

«L'histoire de Geneviève brise un tabou, ajoute Claude Lalonde. On aborde un sujet qu'on suppose généralisé dans le sport. C'est compréhensible. Comme il n'y a que les premiers qui récoltent vraiment la gloire, certains seconds sont tentés de tricher pour réussir.»

Geneviève Jeanson a signé un contrat d'exclusivité avec Forum Films, la maison de production de Richard Lalonde. Elle demeurera en contact avec le producteur, le scénariste, le réalisateur pendant toute l'aventure cinématographique. «C'est rare d'avoir accès à une athlète qui ose tout raconter», constate Durand-Brault.

«On a voulu entrer en contact avec Geneviève, car c'est une fille courageuse, adulée et qui a eu une carrière internationale, dit Richard Lalonde. C'est très fort pour notre récit.» Le producteur imagine déjà une carrière internationale pour L'histoire d'un mensonge. «Comme Les 3 p'tits cochons (distribué en France), remarque-t-il. Un tel sujet est exportable.»

Claude Lalonde se donne jusqu'en novembre 2007 pour mettre la touche finale au scénario. Il est encore trop tôt pour parler de distribution et de budget prévu pour le long métrage.