À l'âge auquel les militaires sont au cimetière, à la retraite ou chefs d'état-major, John Rambo reprend du service pour la quatrième fois grâce à Sylvester Stallone, preuve qu'à Hollywood, les vieux soldats ne meurent jamais: ils tournent un nouvel épisode.
  
Dans un entretien à l'AFP, Stallone, 61 ans, se dit le premier surpris de voir l'ancien combattant du Vietnam, icône de la Guerre froide, endosser à nouveau son treillis et débarquer dans 2751 salles obscures, ce week-end en Amérique du nord.
  
«Lorsque j'ai fait Rambo en 1982, je n'aurais jamais pensé que j'en serais à la troisième suite, 26 ans plus tard», explique l'acteur.
  
«J'estimais que Rambo était un bon film d'action qui pourrait intéresser d'anciens combattants et des amateurs du genre, mais jamais je n'aurais imaginé qu'il devienne un phénomène mondial», dit-il. Les trois premiers Rambo ont rapporté plus de 600 millions de dollars au box-office.
  
«Le premier scénario que j'avais vu avait été presque pris par Steve McQueen, Al Pacino, Gene Hackman et toutes les stars de films d'action de l'époque», se rappelle Stallone.
  
Dans Rambo premier du nom, John Rambo est un ancien combattant du Vietnam hanté par le passé et les tortures qu'il a subies. Mais pour ce quatrième épisode, simplement intitulé John Rambo, Stallone a voulu conserver le héros du deuxième et troisième épisode (1985 et 1988), un surhomme armé jusqu'aux dents.
  
«J'avais réécrit le scénario (du premier film) pour donner davantage d'humanité à Rambo. Maintenant, il est en colère contre le monde entier et veut que justice soit faite», affirme Stallone. Dans John Rambo, surenchère de violence et de sang, le vieux soldat part à la recherche d'otages dans la jungle birmane.
  
Avec la fin de la Guerre froide, l'acteur, dont la carrière avait périclité à la fin des années 1990, dit avoir réfléchi à ressusciter son autre personnage fétiche, Rocky, dont il a déjà tourné un sixième épisode en 2006.
  
«J'ai eu l'idée de John Rambo en m'entraînant pour Rocky Balboa», raconte Stallone. «Je me suis dit que si je me remettais en forme pour l'un, pourquoi pas pour l'autre».
  
Tous les rôles ayant jalonné la carrière de Stallone ne trouvent pas autant grâce à ses yeux aujourd'hui. «Il y a pas mal de personnages que j'aimerais bien descendre et enterrer, comme Judge Dredd», héros d'un film de 1995 massacré par la critique.
  
Avec l'âge, Stallone dit comprendre mieux pourquoi plusieurs de ses films ont été mal reçus. «L'autre jour, j'ai vu à la télévision Rhinestone», un navet de 1984 où il donnait la réplique à la chanteuse country Dolly Parton.
  
«Lorsque je me suis entendu chanter, j'ai pensé qu'est-ce qui m'a pris? Et si j'envoyais Rambo faire taire ce type?», plaisante Stallone.
  
Mais il dit avoir surtout le regret de ne pas avoir pu tourner son quatrième Rambo avec Richard Crenna, son supérieur, le colonel Trautman, dans les trois premiers épisodes. Crenna est mort début 2003.
  
«Richard était un homme très charismatique, calme et facile à vivre et j'appréciais cela car les trois premiers films étaient très difficiles à tourner, physiquement (...) il n'a jamais été reconnu pour avoir fait apparaître le côté humain de mon personnage», regrette la star.
  
Stallone, qui a notamment tourné la suite de La fièvre du samedi soir, Staying Alive avec John Travolta en 1983, affirme qu'il veut désormais se consacrer à la réalisation.
  
«Je veux tourner des drames édifiants ou une comédie décalée comme Oscar que j'avais faite avec John Landis. Je veux que des petites histoires humaines reviennent à Hollywood», dit-il.