Daniel Auteuil, Monica Bellucci et Juliette Binoche qui prennent un bain de foule dans la rue King Ouest... L'image est séduisante. Et loin d'être farfelue.

La Fête du cinéma français pourrait fort bien dérouler son tapis rouge à Sherbrooke en 2009. D'ailleurs, n'eut été des célébrations du 400e anniversaire de Québec, l'événement consacré au cinéma des cousins se serait probablement tenu à la Maison du cinéma ce printemps, selon le calendrier établi avec Unifrance, un organisme chargé de la promotion du septième art de l'Hexagone à l'étranger.

Le propriétaire du complexe cinématographique du centre-ville, Jacques Foisy, confirme qu'il est passé à un cheveu fin d'accueillir le festival de la crème française cette année. «Nous avons entamé des démarches depuis longtemps pour tenir cet événement d'une semaine, très glamour. Nous avons rencontré divers représentants. Notre intérêt était clairement connu. Ainsi, quand le projet a commencé à se définir, nous figurions en tête de liste, avant que les Fêtes du 400e ne fassent partie des considérations et ne modifient les plans.»

La première édition de la Fête s'ébranlera donc dans la Vieille capitale avec une programmation exceptionnellement étendue de mars à juillet. On y présentera en primeur huit longs métrages, lors de soirées de gala auxquelles assisteront, entre autres, Gérard Depardieu, Christian Clavier, Michel Boujenah, Romain Duris et Virginie Ledoyen.

Soutenue par les distributeurs québécois, l'initiative veut faire, sur le cinéma français, l'effet d'une boisson énergisante sur un patient somnolent. Donner du pep à une industrie en dents de scie dont la popularité accuse un déclin. Selon les données d'Unifrance, le nombre d'entrées dans les cinémas nord-américains pour les affiches françaises a dégringolé de 2005 à 2007, passant de 28 millions à 8 millions.

«Avant, un plus grand effort était fait pour mousser le cinéma français, qui connaissait aussi de meilleures années. Il y a encore des succès populaires, comme La vie en rose l'an passé, mais ils sont plus rares», précise M. Foisy, rappelant que la dernière visite d'un acteur français remonte à celle de Philippe Noiret en 2004.

Les représentants d'Unifrance n'ont pas encore mis les pieds à la Maison du cinéma. Jacques Foisy est, en revanche, confiant que ses installations sont suffisamment modernes et adaptées pour organiser pareil événement. À Québec, la tenue de la Fête a failli être compromise en raison de la vétusté et de l'exiguïté des salles noires disponibles.

Chez Unifrance, on assure que rien n'est encore joué pour 2009 et on se garde bien de mettre la charrue avant les boeufs: «On va d'abord faire l'événement à Québec, après on fera un bilan et, au cours du second semestre, on décidera de la suite à donner», a laconiquement répondu le porte-parole Jean-Christophe Baubiat, celui-là même qui a récemment révélé avoir Sherbrooke dans la mire, dans une entrevue avec Le Soleil.