La 58e Berlinale a feuilleté vendredi le grand livre de l'Histoire à travers deux films présentés hors compétition, l'un sombre et glamour sur la rivalité de deux soeurs pour séduire le roi d'Angleterre Henri VIII, l'autre sur le massacre de Katyn, en Pologne en 1940.

Deux soeurs pour un roi, de Justin Chadwick, raconte le destin de Mary et Anne Boleyn (Scarlett Johansson et Natalie Portman), qui vont tour à tour séduire le roi Henri VIII (Eric Bana) au début du XVIe siècle.

D'abord très proches, puis rivales acharnées, Mary et Anne donnent toutes deux naissance à un enfant du roi, mais c'est Anne que le souverain, après avoir répudié son épouse et rompu pour cela avec Rome, choisira d'épouser, avant de la faire décapiter sur accusation d'inceste.

Finement dialogué et somptueusement mis en images, ce grand spectacle hollywoodien évoque les déchirements des deux jeunes femmes, écartelées entre les convenances de la noblesse dont elle sont issues, leur attirance pour le séduisant monarque, et surtout la pression de leur famille, et convaincues que les sentiments doivent s'effacer devant la quête du pouvoir.

Présenté également vendredi hors compétition, Katyn du Polonais Andrzej Wajda, qui traite du massacre de 22.500 officiers polonais par les Soviétiques en 1940, a été chaleureusement accueilli en projection de presse.

Sur les écrans depuis septembre en Pologne, où il rencontre un grand succès, ce film évoque un sujet resté longtemps tabou. Les Soviétiques ont affirmé jusqu'à la chute de l'URSS que ce massacre avait été commis par les nazis.

Wajda, récompensé d'un Ours d'honneur à Berlin en 2006 pour sa carrière, a mis en garde vendredi contre une politisation de son film, que la chancelière allemande Angela Merkel devait voir dans l'après-midi à la Berlinale.

«Katyn est une élégie, un film sur le deuil, sur la souffrance individuelle des femmes qui ont attendu le retour de ces officiers, mais pas un film politique», a dit le réalisateur.

Après ces deux sombres pages d'histoire, la Berlinale (7-17 février) mettait un point final à la compétition, avec le dernier des 21 longs-métrages en lice pour l'Ours d'Or: Ballast, qui a valu à l'Américain Lance Hammer - qui l'a écrit, réalisé, monté et produit - le prix du meilleur réalisateur au festival du cinéma indépendant de Sundance.

Joué par des acteurs non professionnels, fiévreusement filmé à l'épaule, cette oeuvre réaliste et brute - plus puissante que la plupart des films en compétition - évoque la vie difficile d'habitants pauvres du delta du Mississippi.

Un homme noir est allongé, mort sur son lit, un autre est prostré dans le salon.... un voisin entrouvre la porte et découvre une odeur pestilentielle.

Le récit de Ballast progresse lentement: on découvre les liens entre l'homme prostré, un adolescent qui ne va plus à l'école depuis longtemps et une femme employée à récurer des toilettes, qui s'endort épuisée dès qu'elle passe le seuil de sa maison.

Peu à peu, l'univers de Ballast qui semblait très sombre et désespéré, s'éclaircit et l'existence de ces trois êtres éreintés par la vie commence à retrouver un sens.

La 58e Berlinale, dont l'Ours d'or doit être remis samedi soir, essuie de sévères critiques, nombres de journalistes spécialisés estimant la sélection peu audacieuse, voire ennuyeuse.