La 13e édition du Rendez-Vous with French Cinema se tient depuis vendredi et jusqu'au 9 mars à New York, avec quinze oeuvres en avant-première dont certaines pourraient connaître le succès, à l'heure où la France vient de se distinguer aux Oscars.

«Chaque année 30 à 40 films français sortent aux États-Unis, et un petit film français a du succès», dit John Kochman, directeur d'Unifrance, une des structures organisatrices avec la Film Society of Lincoln Center, qui promeut depuis près de 40 ans les cinémas d'auteur italien, hongrois, français, etc.

La manifestation permet notamment de voir Ceux qui restent de Anne Le Ny, Les chansons d'amour de Christophe Honoré, Elle s'appelle Sabine de Sandrine Bonnaire, un documentaire réalisé par l'actrice sur sa soeur autiste, Paris de Cédric Klapisch, Un secret de Claude Miller, ou Le fils de l'épicier d'Éric Guirado.

Les rendez-vous 2008 arrivent au moment où la France vient de se distinguer aux Oscars, qui ont offert celui de la meilleure actrice à Marion Cotillard pour son interprétation d'Édith Piaf dans La vie en rose, une récompense historique qui démontre selon les professionnels la diversité et la reconnaissance du cinéma français à l'étranger, notamment aux États-Unis.

Pour l'instant, seuls quatre films (Les chansons d'amour, Elle s'appelle Sabine, La question humaine de Nicolas Klotz et Roman de gare) ont été achetés par un distributeur, précise John Kochman dans une entrevue à l'AFP.

«Nous ne ferons jamais de blockbusters», souligne le réalisateur Claude Miller. «Mais faire en sorte que nos films soient vus par des cinéphiles est important pour le cinéma français», ajoute-t-il. L'Université Columbia, où il intervient lundi, est particulièrement intéressée par ce cinéma, qui marche bien aussi en Scandinavie et au Japon, dit-il.

«Le secret de Claude Miller plait, mais nous ne devons pas nous mentir: il y a de moins en moins de place pour ces films, les studios de Hollywood et les films à gros budget dominent la place», estime John Kochman. «Nous avons la chance d'avoir des francophiles parmi les dirigeants de Netflix - un des principaux sites américains de location de DVD - c'est donc plus par le DVD que par les salles que nous faisons connaitre le cinéma français», ajoute-t-il.

Pourtant, certains films ont défrayé la chronique avec un succès époustouflant en salle. Ce fut le cas pour Trois hommes et un couffin de Coline Serreau en 1985, puis pour Le fabuleux destin d'Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet en 2001. Pour culminer avec La marche de l'empereur de Luc Jacquet, un documentaire tourné en Antarctique sur les manchots empereurs, sorti en 2005 et très vite devenu un des documentaires les plus vus aux États-Unis et un des plus gros succès commerciaux français.

«Curieusement, certains films français «difficiles» comme Le scaphandre et le papillon ont du succès ici», poursuit John Kochman. «Quelque chose dans ce personnage qui a tout perdu et refuse de céder plait aux Américains, qui s'identifient au personnage et l'aiment», estime-t-il. Le film de Julian Schnabel raconte la lutte du journaliste français Jean-Dominique Bauby après un accident vasculaire cérébral.

Peu d'acteurs français sont très connus aux États-Unis. «Chez les hommes Vincent Cassel, chez les femmes Audrey Tautou et Juliette Binoche, qui avait reçu l'Oscar du meilleur second rôle en 1996 pour Le patient anglais», reconnait John Kochman.

Marion Cotillard est désormais entrée au Panthéon des acteurs français acceptés à Hollywood. «Elle a mérité l'Oscar, et désormais toutes les portes lui sont ouvertes. Mais elle fait partie de ce groupe d'acteurs à la détermination implacable, elle a travaillé très dur pour en arriver là, et les distributeurs ont fait du lobbying à Hollywood pendant une année entière», souligne-t-il.