En appui à Rodrigue Jean (Yellowknife, Full Blast), le réalisateur et producteur Sylvain L'Espérance (Un fleuve humain) a adressé cette semaine une lettre aux médias pour demander «que l'embargo qui touche (le) film Hommes à louer soit levé».

La post-production du documentaire consacré à la prostitution masculine, Hommes à louer, a été arrêtée à l'automne 2007, à la suite d'un conflit entre le réalisateur et les producteurs, Informaction et l'ONF. Rodrigue Jean considère que le film, dans sa version finale, dure 140 minutes et présente 12 personnages. Ce n'est pas l'avis des producteurs, qui jugent cette version trop longue.

«La lettre montre à la fois une réelle préoccupation, et un simple désir que le film sorte. C'est assez rare que l'on bloque la post-production d'un film. Le producteur n'ayant pas pris publiquement la parole, on ne fait que supposer les choses. Je ne fais que m'étonner face à l'impasse dans laquelle ce film se trouve», a expliqué, plus tôt cette semaine, Sylvain l'Espérance.

«Ce film n'est pas un ovni, c'est un film comme il y en a eu bien d'autres: 2 h 20, ce n'est pas une hérésie», estime Sylvain L'Espérance. «C'est inhérent à la production d'un film, qu'il y ait des tensions, il y a des forces économiques en jeu. Pour moi, le travail d'un producteur est d'accommoder le travail d'un cinéaste, pour qu'il pousse sa vision le plus loin possible.»

Pour l'heure, Hommes à louer n'a été présenté qu'une seule fois, aux Rendez-Vous du cinéma québécois, dans sa version de 140 minutes: une version finale pour le réalisateur, dans un montage avancé pour les producteurs. La projection n'a pas amélioré les relations entre les producteurs et le réalisateur, ou apporté une résolution au problème.

«Il n'y a pas de nouveau pour l'instant. C'est notre deuxième projet avec Rodrigue Jean, et on pense que c'est un excellent projet», dit Lily Robert, chef des communications à l'ONF. «Les discussion n'ont jamais été rompues avec (Rodrigue Jean), a-t-elle ajouté. Je pense que l'ONF va discuter avec M. Jean, mais pas à travers les médias».