Malgré les succès du cinéma québécois, les retours sur investissement de la SODEC dans le cinéma restent peu élevés, soit en moyenne 5 % sur une période de cinq ans.

Une nouvelle étude démontre que la société d'État a récupéré seulement 1,9 million de dollars des 38 millions qu'elle a investis dans 81 longs métrages produits entre 1998 et 2003.

Parmi les autres investisseurs, les producteurs ont récolté plus de la moitié des revenus des 30 films ayant généré des revenus et, Téléfilm, environ un tiers.

L'étude de la SODEC constate surtout que l'économie du cinéma reste extrêmement fragile puisque près des deux tiers, 63 %, des films produits entre 1998 et 2003 n'ont généré aucun revenu aux producteurs et investisseurs.

Au départ, les recettes aux guichets restent à 46,5 % dans les poches des exploitants de salles, majoritairement des majors américains. Les distributeurs reçoivent donc 53,5 % des recettes, soit près de 85 millions entre 1998 et 2003.

Hausse de la mise en marché

Mais, l'argent ne coule pas nécessairement à flots chez les distributeurs. Même si les revenus bruts annuels de ceux-ci ont augmenté de 165 % en cinq ans, leurs coûts, notamment les dépenses de mise en marché, ont fait un bond encore plus élevé de 214 %. Le rapport souligne d'ailleurs une faille à cette étape du financement des films.

«Compte tenu des grands investissements publics dans la production cinématographique, peut-on lire dans le document, un réel pouvoir de vérification des dépenses de mise en marché par les investisseurs est très certainement souhaitable.»

Mince marge de profit

Dans un tel secteur à risque, les marges de profits de tous les intervenants restent minces et se basent trop souvent sur le succès de quelques films seulement. Mais le rapport prévient qu'il serait futile de jeter le bébé avec l'eau du bain.

«La recherche éventuelle d'un meilleur taux de récupération des investissements par la SODEC et l'ensemble des investisseurs ne doit pas, dans tous les cas, occulter l'importance du succès remporté par le cinéma québécois auprès de son public», croit-on.

Le rapport souligne que les gouvernements ont longtemps investi dans des films qui ne trouvaient pas leur public. Cet état de fait a changé comme le démontrent des parts de marché de 8 %, en moyenne, sur 10 ans.

«Les investissements des institutions publiques ont porté leurs fruits sur le plan culturel et social, conclut le rapport, contribuant ainsi au renforcement de l'identité québécoise et au rayonnement du Québec sur la scène internationale. Ces résultats constituent en soi un bon retour sur investissement.»

En outre, l'étude oublie de mentionner que l'industrie du cinéma fait vivre des milliers de travailleurs au Québec, des gens qui paient des impôts et des taxes aux mêmes gouvernements.