Même à l'époque où il faisait partie de la bande de Friends, David Schwimmer se sentait l'âme d'un réalisateur. Après avoir fait ses classes à la télé, tant devant que derrière la caméra, l'acteur propose aujourd'hui son premier long métrage, une comédie romantique qu'il est allé tourner... en Angleterre!

Le destin vous joue parfois de ces tours. Parlez-en à David Schwimmer. Celui qui doit sa notoriété à l'émission Friends savait très bien qu'il en viendrait à réaliser des films un jour. C'était entendu. En revanche, il n'aurait jamais pu prévoir que son premier long métrage serait campé à Londres et qu'il mettrait principalement en scène des personnages britanniques.

«C'est le genre de truc qui déstabilise un peu au départ, mais qui se transforme pourtant très vite en avantage, a expliqué Schwimmer lundi dernier au cours d'une rencontre de presse tenue à Los Angeles. D'autant plus que tout s'est mis en place de façon idéale. Aujourd'hui, je ne pourrais imaginer ce film autrement que dans la forme sous laquelle il existe.»

Au départ, Run, Fat Boy, Run devait être produit dans un contexte on ne peut plus américain. Écrit par Michael Ian Black (The State, Reno 911), le scénario avait notamment pour cadre le marathon de New York. «De tous les scénarios que j'ai lus avec l'espoir d'en faire ma première réalisation pour le cinéma, le script de Michael était de loin le plus enthousiasmant, commente le célèbre interprète de Ross dans Friends. «Dès la lecture, je me suis mis à fantasmer sur l'acteur qui pourrait jouer le rôle principal. Je pensais notamment à Paul Giamatti ou à Philip Seymour Hoffman. C'était bien avant qu'ils ne soient consacrés grâce à Sidewyays et Capote

Puis, une nouvelle compagnie de production - britannique - s'est impliquée dans le projet. Et tenait à ce que le récit soit transplanté dans un contexte anglais, histoire de proposer une couleur différente dans le genre déjà très fréquenté de la comédie romantique.

Simon Pegg, une star britannique qui s'est fait connaître au cinéma grâce à des films comme Shaun of the Dead et Hot Fuzz, a été mis à contribution afin d'«angliciser» le scénario de Michael Ian Black. Non seulement Pegg a-t-il été fort utile sur le plan de l'écriture, mais il devenait, de surcroît, le seul candidat possible pour se glisser dans la peau de l'antihéros autour duquel l'histoire de Run, Fat Boy, Run est construite.

Pegg, qui n'est pas obèse mais qui, disons, n'a pas exactement un physique d'athlète non plus, prête ainsi ses traits à Dennis, un homme qui, le jour de ses noces, ne se sent tellement pas à la hauteur qu'il abandonne sa fiancée enceinte (Thandie Newton) au pied de l'autel. Cinq ans plus tard, après avoir regretté son lamentable geste tous les jours que le bon Dieu a amenés, Dennis tente de reconquérir le coeur de celle qu'il aime en s'inscrivant au marathon de Londres, une compétition à laquelle participe aussi le nouvel - et très athlétique - amoureux de celle avec qui il aurait dû partager sa vie. Hank Azaria incarne ce rival.

«En tant que spectateur, on aime bien les négligés, mais c'était quand même tout un défi de rendre ce personnage-là sympathique! faisait remarquer Simon Pegg. Un type qui, dès les premières scènes, abandonne sa sublime fiancée - enceinte - a en effet toute une côte à remonter!»

Une question de références

Pour Schwimmer, qui avait déjà fait la connaissance de Simon Pegg sur le plateau de Big Nothing, un film indépendant dans lequel ils se partageaient la vedette, la présence de l'acteur-scénariste anglais dans ce projet ressemblait à un cadeau du ciel.

«Nous étions justement sur le plateau de Big Nothing le jour où j'ai appris que Run, Fat Boy, Run était désormais une production anglaise. Je ne pouvais alors imaginer personne d'autre que Simon dans le rôle de Dennis. Je comptais aussi sur lui pour qu'il amène une authentique touche britannique au scénario, chose que je ne pouvais évidemment pas faire moi-même.»

Schwimmer estime pourtant que les types d'humour ne sont pas aussi différents qu'on ne le croit entre pays anglo-saxons, mais que les références culturelles en déterminent les distinctions.

«Les comédies américaines font autant rire les Britanniques que les comédies britanniques font rire les Américains, observe le cinéaste. La différence se situe sur le plan de la sensibilité, je crois. Les Anglais ont généralement plus de mal à exprimer leurs sentiments. Ils vont souvent recourir à l'autodérision pour désamorcer une émotion qui pointe. Nous, c'est tout le contraire!»

Schwimmer affirme avoir en tout cas adoré son expérience londonienne, notamment sur le plan de la diversité culturelle, et compte bien s'atteler de nouveau à la réalisation d'un deuxième long métrage le plus tôt possible. Il planche présentement sur l'écriture d'un thriller en guise de prochain projet.

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Run, Fat Boy, Run est présentement à l'affiche en version originale anglaise seulement. Les frais de voyage ont été payés par Alliance Vivafilm (Picturehouse).