Le photojournaliste cambogien Dith Pran, dont le calvaire sous les Khmers rouges avait inspiré le film The Killing Fields, est mort dimanche matin à l'âge de 65 ans d'un cancer du pancréas pour lequel il avait été diagnostiqué il y a trois mois, a annoncé Sydney Schanberg, son ancien collègue et ami au New York Times.

Après sa fuite du Cambodge en 1979, Dith Pran avait travaillé pour le prestigieux quotidien new-yorkais, et était devenu ambassadeur de bonne volonté pour le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), écrivant et intervenant souvent sur son expérience.

Dith Pran était l'assistant et l'interprète de Schanberg à Phnom Penh, la capital cambodgienne, lorsque la guerre du Vietnam s'acheva dans le chaos en avril 1975 et que les deux pays tombèrent aux mains des communistes.

Schanberg aida les proches de Dith Pran à fuir, mais dût le laisser derrière lui alors que Pnom Penh tombait. Ils ne se retrouvèrent que quatre ans et demi plus tard, lorsque Dith Pran finit par réussir à échapper au régime de Pol Pot, responsable de la mort de quelque deux millions de personnes.

Schanberg, qui avait reçu le prix Pulitzer en 1976 pour son travail au Cambodge, était resté mobilisé pour le sauvetage de son compagnon. En 1980, il décrivit son calvaire et sa fin heureuse dans un long article, puis un livre, qui devint la base du film-culte de 1984 The Killing Fields en anglais, une expression inventée par Dith Pran pour décrire un Cambodge transformé en champs de cadavres par les Khmers rouges, avec Sam Waterston dans le rôle du journaliste américain et dans celui de Dith Pran, Haing S. Ngor, lui aussi rescapé du génocide cambodgien. Le film remporta trois Oscars.

«Pran était un vrai reporter, un combattant de la vérité et de son peuple», a déclaré Sydney Schanberg. «Quand le cancer l'a frappé, il s'est une nouvelle fois battu pour sa vie. Et il l'a fait avait ce même calme bouddhiste, ce courage et cet esprit positif qui rendaient mon frère si spécial».

Dith Pran était né le 27 septembre 1942 à Siem Reap, où se trouve le site d'Angkor, travaillant comme interprète pour les officiels américains puis pour la presse, avant de survivre caché aux années du régime khmer rouge en se faisant passer pour un paysan. Lors de l'invasion vietnamienne de 1979, il s'échappa d'une ferme collective près de Siem Reap et gagna à pied la frontière thaïlandaise et un camp de réfugiés, d'où il contacta Schanberg qui se précipita pour le retrouver. «Je le cherchais depuis quatre ans. Je perdais espoir. Lorsqu'il est réapparu en octobre 1979, ce fut comme un vrai miracle pour . Ca m'a rendu à la vie», a raconté Schanberg.

Dith Tran, embauché par le New York Times à la photo, a eu trois fils et une fille, et six petits-enfants. Ses trois frères ont été tués par les Khmers rouges.