Dans une librairie du Plateau-Mont-Royal, Benoît Roberge, Sébastien Benoît et Jean-Michel Dufaux feuillettent les magazines: Sébastien se demande pourquoi sa photo n'est pas dans la rubrique potin d'un magazine, Benoît, lui, voit avec sarcasme Jean-Michel vanter les vertus du bouddhisme sur une autre couverture.

Derrière la caméra, Raphaël Malo. Le tournage de cette scène pourrait ressembler à celui de n'importe quelle capsule du cas Roberge. À plusieurs exceptions près: la caméra n'est pas à l'épaule, la même scène fait l'objet de plusieurs prises, et le tout est observé sous l'oeil de l'équipe du plateau. Le cas Roberge est devenu un film.

«Quand on tourne les capsules, je ne fais même pas d'éclairage. Là, c'est lourd des fois, ou plutôt long. Je suis content quand je regarde les rushs, je dis: c'est beau. Je tourne moins, cela prend plus de temps. J'aime ça tourner sur le web, ça va vite. Là, ça prend plus de temps», remarque le réalisateur Raphaël Malo.

La productrice Nicole Robert, de Go Films, planche depuis deux ans sur le long métrage du Cas Roberge. Face au succès des capsules sur l'Internet, la productrice a décidé de se lancer dans le long métrage, sans soutien de la SODEC, ni de Téléfilm, réunissant un budget de 1,3 million.

«C'est un projet idéal pour cela: c'est un petit budget. Ce ne sont pas tous les projets qui peuvent se permettre cela. Il faut être dans le réalisme, dans le texte. Cela dépend du texte», dit-elle. Super Écran, le Fonds canadien de télévision et le distributeur Alliance Vivafilms, qui sortira le film cet été, ont également participé au financement du film.

Ça, c'est sur la forme. Mais sur le fond, qu'est-ce que le grand écran change aux personnages «en quête» du clan Roberge? «On est cohérents avec le personnage, mais dans les capsules, cela nous permet de faire des 10 minutes un peu plus farfelues. Là, l'idée du film était plus riche, mais cela ouvre toutes les portes pour refaire des capsules, des séries télé ou un autre film», dit Jean-Michel Dufaux.

En parlant avec les comédiens, on apprend tout d'abord que Roberge «se cherche» toujours. «Il a une quête professionnelle, il espère être heureux, trouver la job idéale, avoir le plus de reconnaissance possible, mais il cherche: il ne sait pas ce que cela lui prend», résume Benoît Roberge.

Face à Sébastien, les sentiments de Roberge sont troubles. «Je suis l'animateur préféré des moins de 40 ans, donc il y a une relation où Ben m'envie. En même temps, il m'aime, mais n'est pas trop sûr», dit Sébastien Benoît. Jean-Michel Dufaux rassure les fans : «C'est le même personnage, le même univers, mais avec plus de contenu.»

Roberge, donc, se remue toujours l'esprit avec des doutes et questionnements. Il gravite toujours autour du show-business québécois (dont certains représentants viendront faire un clin d'oeil dans le film - Nelly Arcan, Guillaume Vigneault ou encore Yves Pelletier), mais ses doutes le mèneront cette fois sur la route de Godard... à Rouyn-Noranda.

«On voulait sortir de Montréal», dit Benoît Roberge. «Il y a une idée de road-movie dans le film, parce que les gars veulent écrire», complète Jean-Michel Dufaux. Sans dévoiler le contenu du film, les gars ont aussi écrit sous l'influence de la littérature (Balzac, Hemingway, Rimbaud) et de Madonna.

Trouver l'équilibre entre le web et le grand écran n'est pas chose évidente. Mais «on n'a pas le goût de faire une recette, ça c'est clair», dit Stéphane E. Roy. Le film prendra l'affiche cet été sur une cinquantaine d'écrans québécois. D'ici là, le site du cas Roberge (lecasroberge.com) continuera à être alimenté en capsules. Et après? Et bien après, on verra, si le web et le cinéma mènent à la télé.