Stéphanie Lapointe s'envole vers le Soudan, où elle visitera au cours des prochaines semaines les camps de réfugiés au Darfour. En compagnie de deux jeunes réalisateurs, elle projette d'y tourner un documentaire d'ici la fin de l'année.

L'éclectisme est sans doute le qualificatif qui définit le mieux Stéphanie Lapointe. Auteure-compositrice-interprète, gagnante de la deuxième saison de Star Académie et ambassadrice de l'UNICEF, elle se lance maintenant dans le documentaire, en compagnie de deux anciens de Kino, Dominique Laurence et Eza Paventi. Destination: l'Afrique, avec le Darfour et le Rwanda en ligne de mire.

Aujourd'hui, les trois jeunes Québécois s'envolent pour Khartoum, au Soudan. Pendant cinq semaines, ils vont visiter trois camps de réfugiés au Darfour, avant de se rendre au Rwanda. But de l'opération: faire, pour Radio-Canada International, le portrait de réfugiés, mais aussi prendre des repères pour préparer leur documentaire, qui sera tourné à la fin de l'année 2008. Au cours des cinq prochaines semaines, elle tiendra aussi avec ses acolytes un blogue sur Cyberpresse (www.moncinema.ca/darfour).

"Cela fait six mois que l'on travaille sur ce projet, explique Stéphanie Lapointe, tout sourire. On s'en va vivre quelque chose là-bas. Le documentaire sera le témoignage de cette expérience humaine."

Les portraits que l'équipe ramènera de ce premier séjour de cinq semaines en Afrique seront consacrés aux déplacés, au Darfour, mais aussi au Rwanda. " L'idée, c'est que l'on sente ce qu'est la vie des déplacés après une crise humanitaire ", dit Eza Paventi.

Le documentaire que Stéphanie Lapointe, Dominique Laurence et Eza Paventi espèrent réaliser portera quant à lui exclusivement sur les enfants des camps de réfugiés du Darfour. " On va travailler avec des enfants, et on va leur demander de quoi ils ont envie de nous parler. On prend le pari qu'à travers leurs réponses, on va comprendre ce qu'ils vivent, de façon émotive ", explique Eza.

Depuis deux ans, Stéphanie Lapointe voulait parler du Darfour. Elle partage ce désir avec Dominique Laurence, l'un des fondateurs de Kino, réalisateur de pubs mais aussi de ses clips. C'est tout naturellement qu'Eza Paventi, elle aussi kinoïte de la première heure, réalisatrice pour le projet Wapikoni mobile, se joint à l'équipe.

Ensemble, ils se sont penchés sur les documentaires réalisés sur le Darfour, et disent avoir été inspirés par Kids with Cameras, un documentaire de Ross Kauffman et de Zana Briski, dans lequel la photographe demande aux enfants des bordels de Calcutta de photographier leur quotidien.

"Plutôt que de porter notre regard sur les enfants, on se dit que c'est mieux de les laisser porter leur regard sur leur vie. C'est le regard de l'intérieur que l'on aimerait aller chercher. On veut le faire sentir, ce que c'est, pour un être humain, de vivre dans un camp", dit Eza Paventi. Dominique Laurence renchérit: "On a vraiment dans l'idée qu'un enfant est un enfant, quel que soit l'endroit où il vit. Pour moi, c'est plus fort de laisser parler les gens plutôt que tout dénoncer à grand coups de pancartes."

Si le journaliste et cinéphile Michel Coulombe, de Radio-Canada International, a très vite apporté son soutien au premier voyage des jeunes réalisateurs, le projet de documentaire comporte encore, lui, beaucoup de zones d'ombre. Stéphanie Lapointe, Dominique Laurence et Eza Paventi n'ont pas encore finalisé de contrat avec un producteur, ni un diffuseur pour leur film.

Chose certaine, tous trois espèrent porter à l'écran - d'abord au grand, souhaitent-ils - un film qui leur ressemble. "On est davantage des gens de cinéma que des gens de télé, indique Dominique Laurence. Ce que l'on veut qui ressorte du film, c'est une approche plus cinématographique."

Stéphanie Lapointe, que l'on a vue dans Le négociateur ou Aurore, se voit maintenant derrière la caméra. "Jouer dans une série télé a ouvert un monde pour moi. Je suis une fille d'image aussi", revendique-t-elle.

Après son séjour en Afrique, Stéphanie Lapointe s'arrêtera à Paris, pour la sortie française de son album Sur le fil. Entre l'industrie, la musique, le documentaire, elle ne voit aucune contradiction. "Si tu vois la musique de façon glamour, il peut y avoir contradiction. Moi, j'ai un réel intérêt pour la composition", dit la jeune femme.