Dans Emotional Arithmetic, à l'affiche aujourd'hui, Susan Sarandon joue Melanie, une juive américaine internée à l'âge de 5 ans à Drancy en France. Melanie a échappé de peu aux camps de la mort. Elle n'a jamais oublié la peur, la perte, le néant. La visite de Jakob et Christopher, que Melanie n'a plus revus après les sombres heures de la Deuxième Guerre, va raviver les plaies.

Emotional Arithmetic, de Paolo Barzman, parle de l'Holocauste, bien sûr, mais, d'après Susan Sarandon, le film soulève des questions universelles, valables autant quand il s'agit d'un génocide que d'un drame plus commun. «Pour moi, la question de la perte et des traumatismes est essentielle», dit, au téléphone, la comédienne.

«La question est: quelle est la meilleure façon de dépasser un traumatisme, quand vous perdez quelqu'un, qu'il s'agisse de l'Holocauste ou d'un meurtre? Devez-vous le garder en mémoire? Ou essayer de continuer votre vie? Pour moi, c'est la question que pose le film, en utilisant l'Holocauste pour discuter», poursuit l'actrice de 61 ans.

Si Melanie a pu construire, au Canada, une vie avec son époux et son fils, elle n'a toutefois pas pu tourner la page sur un événement hautement traumatique. "Melanie est quelqu'un qui a traversé des épreuves, qui a résisté, résisté, puis qui s'est écroulée, pour mieux se relever... jusqu'à la prochaine chute. Et elle a eu la chance de rencontrer quelqu'un qui était prêt à accepter cela, mais cela finit aussi par peser sur lui", estime la comédienne.

Emotional Arithmetic évoque bien entendu le poids du souvenir sur les familles. «Son mari lui demande: comment peut-on égaler, pour elle, la souffrance des Juifs? On ne souffrira jamais autant qu'eux, raconte Susan Sarandon. C'est un sentiment très valable et très courant dans les familles. C'est quelque chose de très courant dans les relations amoureuses, quand tout le monde a besoin d'attention, en même temps.»

La famille, justement, est quelque chose d'essentiel pour Susan Sarandon, qui partage la vie du comédien Tim Robbins. Installée à New York, la comédienne a été sensible à la proximité du lieu de résidence de sa famille avec le plateau d'Emotional Arithmetic, dans les Cantons-de-l'Est. Et d'ajouter la comédienne: «J'adore Montréal!»

«J'aimais vraiment beaucoup ce projet, et en plus, ce n'était pas loin de chez moi, ce n'était pas un tournage trop long. Je savais que je pourrais revenir dans ma famille, et vous savez, ma famille est pas mal grosse, je n'aime pas être loin d'eux», raconte-t-elle.

En entrevue téléphonique, Susan Sarandon - une militante reconnue - évoque également des sujets qui lui tiennent à coeur. La peine de mort, qui, pour les abolitionnistes américains, pose également la question du pardon. Mais aussi, bien sûr, l'issue du prochain scrutin présidentiel américain.

«Pour résoudre les problèmes on ne peut pas continuer à mener une politique étrangère de cowboy. Les élections qui viennent sont très importantes, car nous rendons le monde moins sûr, l'économie est au plus bas, nous avons besoin de travailler sur nos capacités diplomatiques, et non sur capacités militaires», croit-elle.

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Emotional Arithmetic (L'automne de mes souvenirs) prend l'affiche aujourd'hui.