L'acteur Viggo Mortensen (The Lord of the Rings, A History of Violence) était en nomination pour l'Oscar du meilleur acteur, en février dernier, pour son rôle dans Eastern Promises, de David Cronenberg. Ça, tout le monde le sait. Ce que vous ignorez sans doute, c'est que dans la composition de son personnage, le troublant Nikolai, Mortensen s'est librement inspiré... d'Alex Kovalev!

Viggo Mortensen est un fan fini du Canadien. Du genre à s'informer du résultat d'un match lorsqu'il est en tournage à l'autre bout de la planète.

«Kovalev a été une inspiration pour moi, nous a-t-il confié en entrevue téléphonique. Comme lui, Nikolai n'est pas nécessairement le plus jeune de son entourage, mais il fait son boulot en silence et il déjoue ses opposants avec son expérience, en se montrant plus futé que les autres.»

«Voilà le genre de personne que j'aime, le genre d'acteur aussi: ceux qui comblent leurs lacunes grâce à leur intelligence.»

L'image que se fait Morgensen de Kovalev est peut-être idyllique, mais elle est construite autour de plusieurs valeurs communes.

Le soin jaloux qu'il porte à sa condition physique levez la main ceux et celles qui lui donneraient 49 ans est l'une d'elles.

«Kovalev est plus en forme dans sa trentaine que la majorité des joueurs plus jeunes que lui, explique-t-il. Malgré son âge, donc, malgré les déceptions qu'il a connues dont certaines à Montréal tu vois qu'il ne rate jamais une occasion de laisser tout ce qu'il a sur la patinoire.

«Pour ma part, je ne sais pas combien de films il me reste à faire. Mais comme un athlète qui joue chaque match comme si c'était son dernier, j'approche chaque film comme si c'était mon dernier.»

Inspiré et énergisé par le CH

Viggo Mortensen parle sept langues, il a fondé une maison d'édition consacrée à la poésie, son enfance l'a conduit du Venezuela au Danemark en passant par l'Argentine... Il fallait bien qu'une passion pour le Canadien s'ajoute au portrait!

C'est à l'école secondaire, en Californie, que Mortensen a découvert le hockey. C'était les années 70, l'époque glorieuse du Canadien.

En voyant le Tricolore à l'oeuvre à la télé, il a tout de suite été captivé.

«Je me suis même mis à écouter des matchs à la radio française de Radio-Canada!»

Rapidement inspiré par la mystique tricolore, fasciné par le bagout de Guy Lafleur, Mortensen est devenu un partisan. Un vrai.

Au terme du tournage de A History of Violence, qui a eu lieu à Toronto, Mortensen a même refusé de revêtir le chandail des Maple Leafs que voulaient lui faire porter les travailleurs de la production sur la photo de groupe. «Je n'allais le faire qu'à la condition de porter une casquette du Canadien», a-t-il précisé.

Sa passion pour le Canadien est d'autant plus sérieuse qu'elle joue vraiment sur son humeur.

«J'étais au travail aujourd'hui et ça a exigé beaucoup de concentration», nous a raconté Mortensen, qui tourne en ce moment une adaptation du roman The Road. «Sauf qu'après le match du Canadien (la première victoire contre les Flyers), je me suis senti inspiré et énergisé. J'étais prêt à reprendre le boulot immédiatement.»

L'adulateur et non l'adulé

Même si son horaire chargé l'a empêché de venir à Montréal aussi souvent qu'il l'aurait voulu, Mortensen suit les activités du Tricolore avec assiduité. Et son diagnostic est précis.

«Les choses auraient pu être décourageantes après la saison décevante qu'on a connue la saison dernière, explique-t-il. Mais cette saison, cette équipe me semble si constante. Elle ne perd jamais sa contenance, elle reste calme.»

Ce n'est pas un hasard si l'équipe plaît autant à Mortensen cette année. Car, à ses yeux, le sport et les arts ont davantage d'affinités qu'on pourrait le croire.

«Le Canadien n'est pas l'affaire d'un seul joueur. Tout le monde contribue. On les sent fiers d'appartenir à une véritable équipe. Or, au cinéma, tu as beau avoir les plus grandes stars ou le meilleur directeur photo, le film ne sera réussi que si tout le monde fait les compromis nécessaires pour pousser dans la même direction.»

Mortensen n'a pas la réputation d'avoir la grosse tête. Même que la star aime bien, par le truchement du sport, se retrouver de l'autre côté de la clôture. Être l'adulateur et non l'adulé.

«Souhaitez bonne chance à Kovalev, conclut Mortensen. Dites-lui que je le regarde et que je lui suis reconnaissant. Saluez l'Artiste de ma part!»