Ian Fleming et sa célèbre création, James Bond, font l'objet d'une exposition au Musée impérial de la guerre de Londres. Plusieurs se demandent toutefois si l'agent 007 a vraiment sa place dans le musée réputé pour ses expositions sur l'Holocauste ou les crimes contre l'humanité...

Le fameux bikini orange d'Halle Berry de Die Another Day au Musée impérial de la guerre de Londres? Surprenant, mais vrai. À l'occasion du 100e anniversaire de la naissance d'Ian Fleming, l'imposant musée du centre de Londres consacre une exposition à l'auteur et à sa célèbre créature: Bond, James Bond.

Au menu, quelques costumes, plusieurs gadgets tirés de films (un parapluie empoisonné, des chaussures meurtrières...), des manuscrits originaux et, surtout, beaucoup d'informations sur les liens entre l'auteur et son personnage.

Les amateurs d'explosions risquent d'être déçus, les curieux qui veulent en savoir plus sur les origines du plus célèbre espion de Sa Majesté seront ravis. L'exposition retrace les moments charnières de la vie d'Ian Fleming avant de se concentrer sur double-zéro-sept, ses gadgets, ses «girls» et ses ennemis.

Courue depuis son ouverture à la mi-avril, l'exposition ne fait évidemment pas l'unanimité. «Le musée a été créé en 1917 pour se souvenir de la Première Guerre mondiale. Nulle part ne faisait-on mention du bikini d'Halle Berry», s'est indigné Waldemar Januszczak, critique au Sunday Times.

«Pourquoi est-ce que le Musée impérial de la guerre célèbre James Bond, quand Bond et son Aston Martin et ses filles et ses gadgets n'ont absolument rien à voir avec les terribles réalités de la guerre?» a déploré le critique.

Ce dernier croit que le musée a vendu son âme pour attirer les foules et faire un coup d'argent. Victoria Smith, porte-parole du musée, jure le contraire. «Quand vous visitez l'exposition, vous vous rendez compte à quel point la carrière militaire d'Ian Fleming durant la Deuxième Guerre mondiale l'a inspiré dans la création de son personnage», souligne-t-elle.

Issu d'une famille aisée, Ian Fleming a perdu son père lors de la Première Guerre mondiale. Journaliste, il sera membre des services de renseignements maritimes lors de la Deuxième Guerre mondiale. Mais, contrairement à James Bond, Fleming ne sera pas au coeur de l'action. Il restera sagement assis derrière un bureau du centre de Londres.

Son expérience militaire lui sera toutefois utile pour développer son personnage d'agent secret. Le conservateur de l'exposition, James Taylor, soutient que «Bond est un alliage. Il y a 25 personnes qui pourraient, dans une certaine mesure, avoir servi de base à Bond, incluant le père et le frère aîné de Fleming».

Après la guerre, Ian Fleming deviendra responsable des correspondants étrangers pour le Sunday Times. C'est en 1952 qu'il rédigera le premier James Bond, Casino Royale. Populaires, ses romans deviendront "cultissimes" lorsque les aventures de double-zéro-sept seront adaptées au grand écran, dans une version plus glamour et libidineuse.

Contrairement aux critiques, les visiteurs rencontrés à la sortie de l'exposition n'avaient aucun doute sur la pertinence de l'exposition au Musée impérial de la guerre. «Cela m'apparaît être le bon endroit, c'est une histoire d'espionnage après tout. Où voudriez-vous la mettre? Au Musée d'histoire naturelle avec les dinosaures?» s'amusait Pierre Bossu.

Ravi d'avoir autant appris sur la création du fameux agent secret, le jeune homme était toutefois un brin déçu de ne pas avoir vu de «Bondmobile». Pour se consoler, il pouvait toutefois admirer les six chars d'assaut, cinq avions de chasses et autres gigantesques missiles disséminés dans le hall d'entrée du musée. Un décor pour le moins «jamesbondien».