James Gray a beau s'aventurer dans de nouveaux territoires en arpentant les arcanes du drame sentimental, son style reste le même. Traquant la moindre parcelle de vérité dans les sentiments qu'il dépeint, le réalisateur de The Yards, qui avait déçu certains de ses admirateurs l'an dernier avec We Own the Night, propose cette fois un film qui impressionne autant par sa manière que par l'aspect viscéral de l'histoire d'amour qui est décrite ici.

Écrit spécifiquement pour Joaquin Phoenix, son acteur fétiche, et Gwyneth Paltrow, Two Lovers relate la rencontre de deux âmes blessées. Leonard, qui sort d'une rupture sentimentale tellement douloureuse qu'il a voulu en mourir, est instantanément fasciné par la présence de Michelle, sa nouvelle - et mystérieuse - voisine.

Cette échappée vers l'inconnue est d'autant plus tentante pour Leonard que ses parents le poussent plutôt dans les bras d'une amie de la famille (Vinessa Shaw). De son côté, Michelle est coincée dans une liaison destructrice avec un homme marié.

La situation se complique - ou peut-être s'améliore-t-elle - le jour où Michelle demande à Leonard de l'aider à se libérer d'une liaison dont elle sort toujours perdante.

Pas de clichés

Évitant les clichés, tout autant que le moindre accent de sentimentalisme, James Gray propose ici un film superbe, tant sur le plan du style que sur celui de la charge émotionnelle. Il émane de Two Lovers un romantisme inouï, mais un romantisme grave, tragique.

D'une histoire aussi bipolaire que ses protagonistes, Gray tire un drame sincère, qu'il ponctue de magnifiques envolées. On retient notamment cette virée nocturne dans New York au son d'une musique divine. Surtout, on retient le dernier acte, tout simplement déchirant.

Gwyneth Paltrow et Joaquin Phoenix livrent ici des performances éblouissantes. Les comédiens qui les entourent sont très solides dans des rôles de soutien bien écrits. Isabella Rossellini, notamment, est remarquable dans la peau de la mère de Leonard.

Notre critique

Two Lovers
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