Réputé pour ses polars, l'Américain James Gray se risque pour la première fois dans la chronique sentimentale avec Two Lovers, présenté en compétition officielle. Pour l'occasion, le réalisateur de The Yards et de We Own the Night retrouve son acteur fétiche Joaquin Phoenix pour la troisième fois.

Gray, un chouchou de la Croisette, est débarqué à Cannes, hier, en compagnie des deux personnages féminins de son triangle amoureux , Gwyneth Paltrow et Vinessa Shaw, mais sans Phoenix, retenu aux États-Unis par une vilaine grippe intestinale. Courtois, l'acteur a fait parvenir un courriel, lu avant la conférence de presse, où il remercie les Français de leur appui indéfectible à ses films.

Tourné dans le décor familier des productions de Gray, Brighton Beach, à Brooklyn, Two Lovers s'intéresse à l'histoire d'un jeune homme, Leonard (Phoenix), dépressif en raison d'un échec amoureux, qui sera déchiré entre deux femmes : l'adorable fille de l'associé de son père (Shaw), et sa voisine fantasque et désorientée (Paltrow), engagée dans une liaison avec un homme marié.

Souvent traité sur le ton de la comédie, le triangle amoureux se fait intelligent devant la caméra de Gray. Le cinéaste sait approfondir, sans forcer la note, le trouble intérieur des personnages. En cela, Two Lovers s'avère un film réussi, tout ce qu'il y a de plus honnête.

«Je n'ai jamais pensé adopter le style de la comédie, même si c'est plus difficile d'en traiter de façon sérieuse, a expliqué Gray. Traiter d'un sujet comme l'amour nous entraîne dans des voies parfois étranges, c'est pourquoi il est souvent plus facile de le faire sur un ton humoristique. Pour ma part, j'ai été inspiré par une nouvelle de Dostoïevski (Les nuits blanches), lue lorsque j'étais au collège, qui traite des rapports à l'amour et au désir. C'est la base de mon film.»

Gwyneth Paltrow, qui incarne la fragile et torturée Michelle, a indiqué avoir tout de suite saisi la nature profonde de son personnage. «C'est un esprit libre, avec une faible estime de soi, qui éprouve toujours des regrets. On connaît tous des gens comme Michelle qui ont le don de toujours choisir ce qui s'avère mauvais pour eux. Ç'a été un personnage extraordinaire à jouer. Je dirais même que de tous les personnages que j'ai joués, c'est celui dont je me sens le plus près.»