Peut-on faire rire le grand public avec le conflit israélo-palestinien? C'est le pari d'Adam Sandler, l'un des comiques américains les plus populaires de sa génération, avec la farce You Don't Mess with the Zohan qui sort vendredi aux États-Unis et au Canada.

Sans prétentions intellectuelles, le long métrage raconte l'histoire de Zohan Dvir, un membre des commandos d'élite israéliens, sorte de Rambo local, qui caresse en secret le rêve de devenir... coiffeur aux États-Unis.

Coécrit par Sandler et Judd Apatow, intronisé roi de la comédie grâce à The 40 Year Old VirginKoocked Up et Superbad, le film de Dennis Dugan se passe en partie au Proche-Orient, où Zohan combat un «terroriste palestinien» surnommé «Fantôme».

Incarné par John Turturro (Barton Fink), ce dernier donne malgré lui l'occasion à Zohan de disparaître en simulant sa mort au terme d'un homérique combat. L'as s'échappe alors dans les soutes d'un avion de ligne pour se rendre à New York, où à son grand étonnement, Israéliens et Palestiniens émigrés vivent en paix.

Le héros au fort accent hébreu finit même par travailler pour un salon de coiffure tenu par une Palestinienne et se révèle aussi habile au ciseau qu'avec un pistolet mitrailleur Uzi; selon ses clientes, l'expérience de se faire coiffer par lui «surpasse l'acte sexuel».

Mais c'est sans compter avec «Fantôme» qui retrouve sa trace...

Farci d'humour leste et d'allusions sous la ceinture, You Don't Mess with the Zohan n'oublie pas les bons sentiments, ni de plaider pour la paix entre les ennemis de la Terre sainte.

Si Spielberg avait signé le drame Munich en 2005 sur la traque des assaillants des Jeux olympiques de 1972, c'est la première fois que Hollywood, en l'occurrence le studio Sony, s'aventure dans le conflit israélo-palestinien avec une comédie.

«La comédie rapproche les gens», affirme le comédien Rob Schneider, qui joue un chauffeur de taxi palestinien. «Zohan est ridicule, tellement ridicule que, je l'espère, tout le monde va prendre un peu de recul et rire ensemble».

Peu soucieux d'exactitude géopolitique, le film montre des Palestiniens décidés à éliminer Zohan qui appellent un «numéro vert» du Hezbollah. «Pour les fournitures terroristes, appuyez sur la touche 1», répond le standard présumé de l'organisation chiite libanaise.

De même «Fantôme» tient davantage du rappeur que de Yasser Arafat, avec ses chaînes en or, ses lunettes noires et son foulard écarlate autour de la tête. «Si Zohan est le James Bond juif, Fantôme est l'Eminem arabe», soutient Turturro.

Le tournage a employé des acteurs palestiniens et israéliens, explique Dennis Dugan, qui avait déjà dirigé Sandler dans I Now Pronounce You Chuck and Larry en 2007, nouveau succès commercial - et échec critique - de la carrière de l'acteur de 41 ans. Ses 19 films ont rapporté 1,44 milliard de dollars au box-office en Amérique du Nord depuis 1990.

«Il y a eu beaucoup de discussions passionnées, mais amicales, saines, ouvertes. Certains m'ont dit que c'était la première fois qu'ils parlaient autant à un Arabe ou un Israélien», assure le réalisateur.

«Nous ne pensons pas que ce film va résoudre quoi que ce soit» au conflit israélo-arabe, ajoute-t-il. «Nous voulions juste être drôles. Mais même pour moi, en tant que juif, c'était très intéressant de me sentir aussi proche des Arabes que des Israéliens sur le plateau».