Moins de quatre ans après sa disparition, Françoise Sagan revit sous les traits convaincants de Sylvie Testud, dans un film qui évoque la vie tapageuse de l'écrivain, consumée par son goût immodéré pour le jeu, la drogue et les grosses cylindrées.

Sagan de Diane Kurys, qui sort mercredi en France, débute avec le tourbillon déclenché par Bonjour tristesse, le premier roman de cette fille de bonne famille catholique, écrit à l'âge de 18 ans, en sept semaines aux terrasses des cafés parisiens.

Coup de tonnerre de l'année 1954, ce récit au ton désenchanté des amours d'une jeune fille un rien délurée scandalise la bonne société et connaît un succès fulgurant dans le monde entier.

Un argent facile qui brûle les doigts, une gloire brutale que l'on dit imméritée - Sagan ne remportera jamais un grand prix littéraire en France -, une cohorte de fervents admirateurs mais une grande solitude intérieure, les ingrédients d'une vie faite de paradoxes sont déjà réunis.

Diane Kurys en déroule les épisodes tragiques: grave accident de voiture en 1957, dépendance aux stupéfiants, cures de désintoxication, fortune perdue au casino, coma et plèvre déchirée à plus de 2500 mètres d'altitude lors d'un voyage en 1985 en Colombie avec le président François Mitterrand, dont elle était une amie.

Le film montre aussi la liberté d'esprit d'une femme anticonformiste, décédée en septembre 2004. Il offre une belle galerie de portraits, avec les amis fidèles, parfois pique-assiettes, qui gravitent autour de l'écrivain.

L'humoriste Pierre Palmade, qui campe l'indéfectible complice Jacques Chazot et la comédienne Jeanne Balibar, magistrale dans le rôle de Peggy, âme soeur, amante et compagne de tous les vices, livrent de belles compositions.

Quant à Sylvie Testud, elle donne à son personnage une vérité criante, imitant à merveille la voix aiguë et la diction saccadée si caractéristiques de Sagan, son mélange de timidité, d'air buté et de provocation enfantine.