Près de 40 ans après avoir été mis au monde par Mel Brooks et Buck Henry, Maxwell Smart reprend du service dans Get Smart de Peter Segal. Après Don Adams, c'est à Steve Carell de se glisser dans le costume de l'Agent 86 et d'utiliser le shoe phone. Ça sonnera une cloche à certains. Ça en éveillera d'autres à un drôle de phénomène.

À l'origine était la série Get Smart, créée par Mel Brooks et Buck Henry et diffusée de septembre 1965 à avril 1969. Une satire du monde des agents secrets conjuguée sur fond de guerre froide et portée par une manière de James Bond appelé Maxwell Smart, qu'incarnait alors Don Adams. Quarante ans plus tard, il était temps (!) de la remettre sur la carte. De présenter aux jeunes générations cet Agent 86 qui arrive toujours à ses fins. Mais, maladresse oblige, pas par les moyens les plus conventionnels.

«Nous avons voulu garder l'esprit original mais le camper dans le présent. C'est un hommage à la série. Nous n'avons pas été ses esclaves», a indiqué le réalisateur Peter Segal lors d'une conférence de presse tenue à Beverly Hills. L'idée: raconter les débuts de la carrière de Max Smart sur le terrain. On le rencontre alors qu'il est analyste pour l'agence américaine CONTROL. Il rêve de partir en mission, d'être le partenaire de son idole, le charismatique Agent 23 (Dwayne Johnson). Mais The Chief (Alan Arkin) le trouve si utile derrière un bureau qu'il lui refuse cette promotion.

Jusqu'à ce que survienne le chaos causé par les vilains de KAOS. Menés par l'affreux Siegfried (Terence Stamp), les membres de cette organisation souhaitent rien de moins que diriger le monde. Première étape dans ce sens: ils percent l'identité des agents de CONTROL. Seule l'Agent 99 (Anne Hathaway) échappe à leur opération «mise à jour» et, pour éliminer la menace, doit faire équipe avec un nouvel agent. Le 86. Max Smart. Fallait bien repeupler les rangs de CONTROL!

«Max n'est pas un idiot et il ne l'a jamais été, affirme le scénariste Matt Ember en réponse à un journaliste qui note une différence entre le personnage original et celui qui nous arrive. Ses erreurs viennent de son manque d'expérience et de son trop-plein d'enthousiasme à l'idée de partir en mission.»

C'est Steve Carell qui enfile le costume de l'Agent 86. Un costume qui lui sied: malgré les risques que comporte le passage au cinéma des personnages qui ont eu leur heure de gloire à la télé, Max Smart est probablement l'un des rôles les plus «smart» et drôles au grand écran de la vedette de la version américaine de The Office.

«Pour être à la hauteur, j'ai travaillé sur mon corps afin d'en faire le spécimen à admirer que vous avez devant vous. Quant à mon texte, je l'ai improvisé de bout en bout», fait le comédien en tentant de garder son sérieux. Peine perdue - pour le sérieux: comme cela s'est produit à quelques reprises sur le plateau, c'est bientôt le brouhaha derrière les micros. «Parce que, ne vous y trompez pas, nous perdons parfois le contrôle pendant le tournage. Le secret de notre... imperturbabilité, c'est le montage», affirme le comédien.

Et de se remémorer la scène où The Chief bute sur le nom d'un méchant Russe. Ladislas. Jusque-là, ça va. Krstic. C'est là que ça n'allait plus. Du tout. «Pourtant, je me fais un point d'honneur de ne pas rire quand c'est aux autres de faire quelque chose de comique. Pour moi, c'est un péché capital de gâcher un moment inspiré en riant alors qu'il ne le faut pas!» affirme Steve Carell.

Disons qu'Alan Arkin ne semble pas lui en vouloir d'avoir dû reprendre la scène à plusieurs reprises. Normal. Les deux hommes, qui se sont récemment retrouvés dans Little Miss Sunshine, ont un long passé commun: avant d'être «découvert» par Jon Stewart pour The Daily Show et de toucher le fond du baril dans la série Over the Top («Autant dire que j'étais sans emploi»), Steve Carell a fait partie de la troupe d'improvisation Second City, à Chicago. Or qui dit Second City, dit Alan Arkin. Créateur du concept. Improvisateur de génie. «Bien sûr que j'ai improvisé pendant ce tournage! affirme-t-il d'ailleurs. Un mot complet. C'était nuclear. Je crois.»

Et Matt Ember de hocher la tête. Avec, oui, sérieux. Il faut l'être pour réussir à intégrer dans un scénario cette phrase incontournable qu'est «Sorry about that, Chief»; cette invention improbable qu'est cone of silence; et ce concept hautement innovateur à l'époque qu'est le shoe phone. «C'est l'ancêtre du téléphone cellulaire et, il y a 40 ans, cette idée d'une téléphonie sans fil était révolutionnaire», rappelle Peter Segal. Eh oui! les enfants, il fut un temps où tous n'étaient pas cellularisés...

Masi Oka : drôle de héros

Les journalistes invités aux conférences de presse tenues en vue de la sortie de Get Smart se sont instantanément divisés en deux à l'arrivée du second groupe d'invités: ceux qui connaissaient Masi Oka et ceux qui se demandaient pourquoi cet obscur comédien d'origine japonaise devenait soudain le centre d'attraction.

Pour comprendre, il faut connaître la formidable série Heroes, dans laquelle il incarne le sympathique Hiro Nakamura. «Nous venons de commencer le tournage de la troisième saison et ça va se poursuivre jusqu'au mois de mars. Le défi, le vrai défi, dans cette aventure, c'est que vous lisez les scénarios et c'est tellement bon et excitant que vous voudriez partager ça avec d'autres... mais c'est impossible. De toutes manières, je pense que les fans de la série se posent des questions mais ne veulent pas vraiment savoir à l'avance ce qui va se passer», fait l'acteur de 33 ans qui est né à Tokyo et est arrivé à Los Angeles à 6 ans.

Dans Get Smart, il se glisse dans la peau de Bruce, l'un des deux nerds (l'autre, Lloyd, est interprété par Nate Torrence) qui inventent les gadgets utilisés par les agents de CONTROL. Un rôle secondaire qui prendra de l'ampleur dès le 1er juillet alors que Warner sortira le DVD Bruce and Lloyd Out of Control une aventure parallèle menée par les deux techniciens aux neurones hyperactifs en l'absence des agents 86 (Steve Carell) et 99 (Anne Hathaway). «Nous avons pu profiter d'un budget d'environ 1 milliard de dollars. Alors, imaginez les effets spéciaux», rigole Nate Torrence.

Les deux complices disent s'être éclaté en cette occasion, d'autant plus qu'ils ont eu la possibilité d'improviser. Or, Masi Oka a fait ses premières armes sous les projecteurs en donnant dans l'improvisation entre autres dans le cabaret culte Second City créé par... Alan Arlin, qui incarne The Chief dans Get Smart: «C'est une des raisons pour lesquelles j'ai voulu participer à ce film. Je ne connaissais pas la série originale mais Alan est une de mes idoles. Et puis, il y avait Steve Carell... Bref, les gens attachés au projet m'intéressaient.»

Et le voilà, passant du personnage naïf, bon enfant et involontairement drôle de Heroes à celui de techno-geek dans une comédie d'action. On est loin du rôle cliché du Japonais cérébral et sans humour. «Pourtant, les gens qui me connaissent savent que, dans la vie, je ne suis pas très drôle. Mais j'ai grandi en regardant des comédies.»

«Et puis, je pense que pour quelqu'un comme moi, il est plus facile d'obtenir des rôles comiques que dramatiques. Dans le drame, le public doit pouvoir s'identifier immédiatement au personnage... et ce processus d'identification est moins évident, en Amérique du Nord, quand l'interprète est asiatique. Alors qu'en comédie, il y a toujours plus de «distance» entre ce qui se passe à l'écran et la salle», croit celui qui, au bout du compte, n'aura levé aucun voile sur la troisième saison de Heroes. On l'en remercie.

Dwayne Johnson : plan de carrière

«Mon but est de continuer à grandir.» L'affirmation donne le vertige: celui qui la lance mesure 1m92 et s'adresse entre autres à une journaliste qui fait presque 40 cm de moins. Mais, bon, Dwayne Johnson donne dans la métaphore.

En effet, l'ancien joueur de football devenu gloire de la World Wrestling Entertainment (WWE) pendant les cinq ans où il est monté sur le ring sous le nom de The Rock avant d'amorcer une carrière d'acteur en 2001 en apparaissant dans The Mummy Returns et en prenant le taureau par les cornes ou le scorpion par les pinces l'année suivante dans The Scorpion King, prend cette nouvelle carrière au sérieux. Que les critiques qui ont massacré The Game Plan - le public, lui, a suivi allègrement - se le tiennent pour dit.

Parce que le monsieur, qui incarne le charismatique Agent 23 dans Get Smart a non seulement des projets mais, en bon sportif, s'est trouvé des modèles et fixé des objectifs. Pas des moindres: «Mon but est d'aller de genre en genre, et de ratisser le plus large possible. J'aime l'idée de tourner un film d'action puis un drame et ensuite, une comédie; et d'avoir un peu de succès dans chacun.»

Sa filmographie fait écho à ce plan de match: au-delà de la division entre l'opinion des critiques et celle du public, au cours des trois dernières années, on l'a vu dans Doom, Gridiron Gang et The Game Plan. Et il va continuer ainsi, visant le touché et le tombé - rien de moins. «Côté jeu, je pense à des acteurs que j'admire vraiment. Tom Hanks, Will Smith, George Clooney, ces gars sont des inspirations pour moi. Mon but est devenir ce type d'acteur. Oui, je vais tomber. Mais je vais me relever.» Ça, pour sûr, il sait. Et il en rit quand vient le moment d'évoquer la partie «cascades» de Get Smart: «Certains acteurs s'investissent moins que d'autres dans leur rôle, s'amuse-t-il. Moi, je ne me fais pas doubler quand je me sens à l'aise et en sécurité avec l'équipe. En fait, vous recherchez ces jours de tournages quand vous aimez les cascades et le jeu physique.»

Ce, même s'il s'est départi d'une partie de sa masse musculaire au fil des ans. «C'est volontaire. Je n'avais plus besoin de traîner autant de poids. Surtout que ça limite en terme de rôles qu'on vous offre», fait celui qui malgré ses aspirations «hanksiennes», ne se fait pas d'illusions et dit s'efforcer, avec les conseils de son ami Brian Gewirtz (scénariste à la WWE), de ne pas faire de sa carrière une affaire d'ego: «Je sais fort bien que je ne remporterais jamais d'Oscar. L'important, pour moi, c'est de faire le mieux possible dans un film donné, de toujours être prêt à donner la meilleure performance que je peux donner.»

Ce, que ce soit en chauffeur de taxi de Las Vegas dans Race to Witch Mountain qu'il est en train de tourner ou dans la peau de la fée des dents dans Tooth Fairy qui est en pré-production. Ben quoi? Will Smith a déjà incarné Pinocchio dans une série télévisée et Tom Hanks, un passager du Love Boat!