Depuis Saint-Martyrs-des-Damnés, Robin Aubert a tourné en Inde, et en équipe restreinte, un nouveau long-métrage : À quelle heure le train pour nulle part (on peut voir la bande-annonce sur YouTube : https://fr.youtube.com/watch?v=LGRiDTtY5lI).

Depuis son retour, le réalisateur planche aussi sur plusieurs projets, dont l'un (À l'origine du cri) est produit par Max Films et est actuellement présenté aux institutions de financement. Son autre projet en écriture, Robin Aubert le voyait bien se dérouler dans une «cour à scrap». L'idée étant déjà prise ailleurs, il envisage un changement de décor. On parle, par courriel, avec Robin Aubert de ses projets.

Q : On s'était parlé l'automne dernier, en plein tournage de ton film en Inde. À ce moment, tu disais que le film se scénarisait au fur et à mesure... Est-ce que cela a été comme ça jusqu'à la fin du tournage?

R : Oui, la finale du film s'est construite pendant la dernière semaine, même si j'avais une idée de ce que je voulais faire. Étrangement, le film a été tourné chronologiquement. On est parti avec un canevas de base d'une vingtaine de lignes et sans qu'on se l'impose vraiment, nous l'avons suivi presque à la lettre (...) Il faut comprendre aussi que même si on improvisait, on ne se lançait pas dans le vide tous les jours. Le soir et la nuit, je scénarisais pour le lendemain puisque je me suis aperçu assez vite qu'on me demandait : «Bon, qu'est-ce qu'on fait?» et y'a rien pire que de répondre: «Je ne le sais pas plus que vous autres.» Mais le fait d'écrire sur la pression donne beaucoup de liberté et de fraîcheur. Ce n'est pas remâché en huit versions, et ça, c'est un luxe qu'on peut se permettre quand on fait ce genre de films.

Q : La bande-annonce du film, disponible sur l'internet, dévoile une ambiance inquiétante. S'agit-il d'un thriller?

R : Je crois que le film existait déjà avant que nous arrivions en Inde. Il s'agissait, une fois là-bas, de l'écouter et d'essayer de percer son secret. Pour être plus précis, je dirais que c'est avant tout un voyage intérieur. Une quête du soi. Une recherche de l'identité. Je crois qu'un créateur, quel que soit le médium qu'il utilise pour y arriver, doit un jour ou l'autre parler de l'identité (...) Bizarrement, il fait appel à certains thèmes déjà évoqués dans mon premier film. Donc, À quelle heure le train pour nulle part est en quelque sorte l'enfant terrible de Saints-Martyrs-des-Damnés. C'est peut-être le deuxième tome d'une trilogie sur l'identité, qui sait.

Q : En quoi l'Inde constitue-t-elle une source d'inspiration?

R : L'Inde amène la réflexion et le changement. Je crois que c'est dû aux pouvoirs des éléments qui caractérisent si bien ce pays: le son, les images, l'odeur, le toucher. Pour le jeu d'un acteur, c'est un endroit propice pour plonger dans un rôle. Le changement qui se produit dans les yeux du personnage à mesure que le voyage s'entame, c'est quelque chose d'unique à voir.

Q : Le tournage est plutôt original: une équipe réduite, un budget miniature... Qu'apporte une expérience de ce genre par rapport à un tournage de type plus conventionnel?

R : Avoir de l'argent ou pas, les enjeux sont les mêmes. On veut raconter une histoire. Par contre, le fait d'avoir peu de moyens fait davantage appel à l'originalité. (...) Cassavetes disait que lorsque l'on n'a pas d'argent, il faut trouver des solutions et, en général, ce que l'on trouve comme compromis est plus original. D'un autre côté, en faisant un film à plusieurs millions, tu fais autant de compromis, mais ceux-là ne sont pas nécessairement plaisants à faire.

Q : Le film bénéficiera-t-il d'une sortie au grand écran? Si oui, quand?

R : Tout ça, je ne le sais pas encore. Justement parce qu'il n'y a pas beaucoup d'argent en jeu.