Il a rempli les salles de cinéma russes avec ses thrillers à grand spectacle made in Russia. Désormais, Timour Bekmambetov veut partir à la conquête de la Russie et du monde avec Wanted, le film «le plus russe» d'Hollywood.

L'auteur de trois records de recettes en Russie depuis 2004, dont Night Watch, est le premier réalisateur russe à signer un long métrage en anglais avec des stars de Hollywood - dont Angelina Jolie, Morgan Freeman, Terence Stamp, James McAvoy - et un budget aussi imposant de 150 millions de dollars.

Wanted (Recherché), qui sera présenté jeudi à Los Angeles et samedi dans sa version russe en marge du Festival international du film de Moscou, va partir à l'assaut de près de 5000 salles américaines et 850 salles russes.

«C'est un film russe, qui diffère beaucoup des productions américaines, surtout par l'auto-ironie dont nous avons hérité de notre passé peu facile», estime le réalisateur, lui-même «étonné» par la liberté que lui ont donnée les producteurs américains.

Un employé de bureau, épuisé par sa routine quotidienne, rencontre une fille - Angelina Jolie - qui l'introduit dans une confrérie secrète où il se retrouve désigné, sans le savoir, pour tuer son propre père et confronté à la quête de son identité.

Angelina Jolie, qui attaque un train au volant d'une vieille Lada russe, «a tout fait pour que ce film ne ressemble pas à une production américaine», raconte Timour Bekmambetov.

La musique de Dany Elfman, qui s'est beaucoup inspiré de Sergueï Prokofiev et Dmitri Chostakovitch, est aussi «proprement russe», s'étonne-t-il.

«Les spectateurs américains seront frappés de voir pour la première fois un film tourné avec une ampleur hollywoodienne, mais qui respire l'âme russe», souligne l'assistant réalisateur Dmitri Kisselev.

Timour Bekmambetov a repris dans Wanted nombre de références de Night Watch et de sa suite Day Watch, à commencer par les effets spéciaux, réalisés par la même équipe russe, sans oublier sa star russe préférée Konstantin Khabenski, qui est ici le seul vrai ami du héros américain, un Russe qui tente de le sauver.

«Mon but est de tourner des films russes pour les spectateurs russes, avec l'argent américain», a expliqué le réalisateur, suscitant des applaudissements approbateurs, lors d'une visioconférence mercredi depuis Los Angeles avec la presse russe à Moscou.

Timour Bekmambetov, 47 ans, qui a commencé comme réalisateur de publicités, a signé un contrat avec Universal l'obligeant à «produire trois ou quatre films par an qui seront tournés par des réalisateurs russes». «Les Américains comprennent que les Russes préfèrent le cinéma russe», résume-t-il.

Après l'effondrement du système soviétique de distribution de films, consécutif à l'éclatement de l'URSS fin 1991, et dix ans de désertion des salles, les spectateurs russes ont regagné les cinémas.

De nouvelles salles ont été construites à travers la Russie, qui en compte actuellement plus d'un millier.

Les gros succès russes - à commencer par Night Watch, premier gros succès commercial avec 16 millions de dollars de recettes en 2004 et Ironie du Destin-2 avec ses 55 millions de dollars cette année - encaissent plus que les productions hollywoodiennes, plus d'un tiers des recettes venant actuellement des films nationaux.

Près de 15 millions de Russes (sur 142 millions d'habitants) âgés en moyenne de 15 à 35 ans, vont aujourd'hui régulièrement au cinéma.