Fin observateur des moeurs de ses semblables - et imitateur hors pair de leurs travers - Michel Côté croise tous les jours des gens aussi typés et caricaturaux que les quatre personnages qu'il incarne dans la suite du film québécois le plus attendu de l'année, Cruising Bar 2. Toute ressemblance avec l'ho-mo quebecisus n'est pas nécessairement fortuite...

«Tout à l'heure, j'ai vu un gars sur la rue. J'ai dit à ma femme que si j'avais osé marcher comme lui, dans un film, on m'aurait accusé du pire cabotinage au monde. Pourtant, il existe, c'est hallucinant. La réalité dépasse la fiction...», explique le populaire comédien qui se fend encore une fois en quatre pour donner vie, près de 20 ans plus tard, à Gérard le Taureau, Jean-Jacques le Paon, Patrice le Lion et Serge le Ver de terre.

Quatre personnages qui ont marqué l'imaginaire québécois et qui, passage du temps oblige, sont confrontés à la dysfonction érectile, à une remise en question de leur orientation sexuelle, aux nouvelles réalités du marché de la drague, et à la sempiternelle recherche de l'âme soeur, cette fois sur Internet et dans un cours de danse sociale.

Michel Côté reconnaît que ses quatre sympathiques losers sont le résultat de «personnages hybrides», de gens qu'il a déjà croisés ici et là. Tout le monde con-naît un Gérard dans son entourage, que ce soit un voisin, un oncle ou un beau-frère.

«Gérard, c'est le personnage le plus répandu, c'est indéniable, affirme Côté. Davantage en tout cas que Jean-Jacques le Paon, qui est très urbain. On s'entend que des Jean-Jacques, il y en a plus à Montréal qu'à Alma...»

«Des Serge, c'est provincial, mais heureusement, il n'y en a pas beaucoup...», poursuit-il. Quant à Patrice, il s'agit aussi du digne représentant d'une espèce plus répandue qu'on peut le croire, «le hippie peace and love encore accroché à son p'tit joint».

Pour ce second opus, que les fans réclament à Côté depuis des années, le comédien a choisi d'aborder son quatuor sous un angle plus réaliste, où chacun doit frapper son mur afin de passer à une autre étape de leur vie. «Les personnages sont plus matures, plus profonds, moins caricaturaux que dans le premier film, affirme Côté. Il y a moins de gros clichés et on donne moins dans le pathétique.»

Même Serge le Ver de terre, cet éternel célibataire forcé, si peu gâté par la vie, le perdant de tous les perdants, finit par voir une lumière au bout du tunnel, et ce n'est pas celle d'un train. «Lui aussi a droit au bonheur...»

Côté le réalisateur

Pour Cruising Bar 2, Michel Côté coiffe pour la première fois la casquette de réalisateur, en collaboration avec son complice, Robert Ménard. Un travail qui lui a permis d'avoir son mot à dire dans plusieurs étapes de fabrication du film, dont le choix des comédiens, des costumes et des lieux de tournage.

«Sur le plateau, c'est arrivé que j'ai callé deux trois shots, mais je n'avais pas vraiment le temps. Il arrivait que je disais à Robert : tournes-en deux pis on décidera laquelle on garde au montage.»

Une fois la tournée de promotion de Cruising Bar 2 derrière lui, Michel Côté retrouvera un autre plateau de tournage, en l'occurrence celui De père en flic, à compter du 7 juillet, où il partagera la vedette avec l'humoriste Louis-José Houde, devant la caméra d'Émile Gaudreault (Surviving my Mother).

Entre deux représentations de l'increvable pièce Broue, le comédien de 57 ans aura aussi à choisir entre deux projets qui lui tiennent à coeur et qui sont en attente de financement, soit le long métrage Entre ciel et terre, sur la vie du commandant héros Robert Piché, et la télésérie Omerta 4.

De toute évidence, Michel Côté n'a pas fini de se fendre en quatre, voire davantage, pour en arriver à faire tout ce qu'il veut faire...


Que sont-ils devenus?

Gérard le Taureau

Après avoir été mis à la porte par sa femme, Gérard joue le «pitou piteux» pour se faire pardonner et revenir au bercail. Mis au régime sec au lit en guise de pénitence, notre mâle en rut vivra des moments pénibles, jusqu'à ce que l'envie d'aller courailler à son piano-bar favori soit plus forte que tout. Sauf que notre Taureau n'avait pas prévu que sa quincaillerie intime le laisserait tomber au moment crucial...

Jean-Jacques le Paon

Le nombriliste Jean-Jacques poursuit sa quête irrépressible de la femme plus-que-parfaite. Découragé de ses déconfitures amoureuses, il en arrivera à se demander, après consultation avec sa psy, s'il n'est pas... homosexuel. Rien de mieux que d'essayer un contact intime pour en avoir le coeur net. Et notre Jean-Jacques de se retrouver dans un party country gai et une soirée chic et choc pour hommes seulement. En route vers le dévoilement de sa nature profonde...

Patrice le Lion

Patrice ne prend plus de drogue, mais qu'importe, ça ne va pas mieux entre les deux oreilles et dans sa vie. Après avoir perdu sa job de cascadeur et sa blonde, il affrontera les premiers ennuis de santé de la cinquantaine. Patrice découvrira aussi que le marché de la drague a bien changé dans les discothèques en 20 ans, et qu'il faut savoir accepter de ne plus être dans la parade.

Serge le ver de terre

Le pauvre Serge, toujours aussi maladroit, pogné et boutonneux, cherche l'âme soeur dans un cours de danse sociale, après avoir tenté sa chance sur Internet. Rêveur inlassable, il s'imagine en dieu du tango, en parfaite harmonie avec sa professeure. Le destin finira par mettre sur son chemin l'élue de son coeur, une discrète partenaire de danse qui finira par lui faire connaître les joies de la chair. Avec la surprise qui vient parfois avec...