Les grandes chaleurs est le premier long métrage de Sophie Lorain. C'est aussi la première fois que la comédienne de théâtre Marie-Thérèse Fortin tient la vedette dans un film. Et c'est d'une première fois que le scénario nous parle aussi, celle d'une femme qui se réapproprie, à 52 ans, sa vie. La Presse a visité cette semaine le plateau des Grandes chaleurs, deux jours avant la fin du tournage.

Dix jours dans la vie d'une femme peuvent tout changer. Gisèle (Marie-Thérèse Fortin) a 52 ans quand elle découvre à la mort de son mari un homme infidèle qu'elle ne soupçonnait pas. «Il y a une réalité qui lui a complètement échappé», dit Marie-Thérèse Fortin.

Pire que le démon de midi, c'est à l'infidélité de tout un mariage que Gisèle doit faire face. C'est le moment où cette femme très rangée croise l'amour : il s'appelle Yannick (François Arnaud), il est beau, il est jeune, il a 21 ans, il est un peu délinquant, et très amoureux d'elle.

Avec l'histoire d'amour entre une femme mûre et un tout jeune adulte, l'auteur Michel Marc Bouchard (Les Feluettes) dit s'attaquer à un tabou qui a la vie dure. Entre 1990, l'année où sa pièce est créée, et 2008, l'année où le film est tourné, les choses ont, à cet égard, peu évolué, croit-il : «On accepte beaucoup plus qu'un homme âgé soit avec une femme jeune, mais l'inverse est assez rare.»

Pourtant, Les grandes chaleurs est une comédie, qui se veut aussi populaire. «C'est un film vraiment accessible dans le sens le plus noble du terme, affirme Marie-Thérèse Fortin. Tout le monde peut suivre cette histoire, et tout le monde peut s'y retrouver.»

C'est en 2001 que la productrice de Vélocité Valérie Bissonnette, séduite par la pièce, acquiert les droits des Grandes chaleurs pour le grand écran. «C'est d'abord un film d'auteur : on a travaillé plusieurs années avant de s'adjoindre un réalisateur», dit-elle.

La complicité entre l'auteur et la réalisatrice a été immédiate. «C'est une synergie. (Sophie Lorain) est une grande artiste : on travaille pour le même objet, pour ce qu'on fait ensemble, dans l'esprit de collégialité», dit Michel Marc Bouchard. Et l'auteur de raconter comment Sophie Lorain et lui-même ont décidé de réécrire et, chose peu commune au cinéma, de retourner une scène dont ils doutaient.

Sophie Lorain, qui a réalisé les premiers épisodes de la série La galère, estime que «les personnages, la situation (font que) ça reste un film de Michel Marc Bouchard.» Toutefois, le film est bien différent de la pièce de théâtre. «Le cinéma, c'est un autre médium, une autre façon de raconter une histoire. Le théâtre est plus verbeux, le cinéma l'est moins. Mais il faut être capable quand même de raconter une histoire», dit-elle.

Si Sophie Lorain, réalisatrice, vient du monde de la télévision, Marie-Thérèse Fortin, Marie Brassard (qui joue la belle-soeur de Gisèle), François Létourneau, (qui joue le fils de Gisèle) tout comme François Arnaud viennent du théâtre. «C'est une distribution qui s'est imposée d'elle-même», observe la réalisatrice.

Pour François Arnaud, jeune diplômé du Conservatoire de Montréal, c'est un premier grand rôle au cinéma, et une première incursion dans les scènes intimes. «C'est sûr qu'une scène d'intimité physique, c'est très loin de ce que ça peut donner à l'écran. On est loin de tout romantisme», constate-t-il.

À l'écran, Yannick a pour copain Maxime Dumontier. Après Le Ring et Tout est parfait, le jeune comédien se réjouit d'apparaître, avec Les grandes chaleurs, dans un tout autre registre : la comédie. «J'aime ben ça. C'est pas pantoute comme Tout est parfait. C'est plus léger, c'est moins du cassage de tête, c'est du gros fun», dit-il.

Produit en coproduction par Vélocité et Christal Films, Les grandes chaleurs devrait sortir au cinéma l'été prochain. Doté d'un budget de 4,2 millions, le film a été tourné en banlieue de Montréal, mais aussi au Saguenay, à Lévis et à Québec.