Pour Francis Leclerc, le cinéma fonctionne à la manière d’une machine à voyager dans le temps. En réalisant ses projets, le cinéaste cherche avant tout à raconter une bonne histoire, mais il avoue sa préférence pour celles qui lui donnent aussi l’occasion de se transporter dans une époque nouvelle, de redonner vie à un univers différent. Ce qui est tout à fait le cas d’Un été sans point ni coup sûr, un film qui plonge directement en 1969, quelque part en banlieue de Montréal.

Cette année-là, les Expos entreprennent leur première saison, les Américains marchent sur la Lune et le mouvement hippie atteint son point culminant à l’occasion du festival de Woodstock. Dramatiquement, le contexte historique apporte beaucoup au film, croit le cinéaste Francis Leclerc. «L’histoire ne m’aurait pas intéressé en 2008. Ça aurait été comme ce qu’on voit tout le temps à la télé.»

Marc Robitaille, auteur à la fois du roman original et du scénario, s’est appliqué à retrouver l’esprit de cette époque de grands changements sociaux. Plusieurs procédés visuels rappellent également les années 60. Certaines séquences sous-exposées, ponctuées de zoom-in volontairement maladroits et marquées d’égratignures donnent l’impression d’avoir été tournées avec une caméra d’amateur.

Afin de retrouver la texture des films de cette époque et, du coup, accentuer le réalisme de la reconstitution, on n’a tourné qu’avec des lentilles anciennes et on a choisi un type de pellicule dont le rendu se rapproche le plus de celui de la populaire Kodachrome. «On voulait donner l’impression d’avoir trouvé le film sur une tablette», dit Leclerc qui, nous apprend-il en cours d’entrevue, a repris le même procédé pour réaliser la dernière campagne télé de Wal-Mart.

On perçoit également plusieurs échos des années 60 dans la bande-son, meublée d’une demi-douzaine de refrains choisis. Entre autres extraits, Marie-Pierre Fournier, Ariane Moffatt, Luck Merville et Daniel Bélanger redonnent vie aux harmonies vo- cales de The Mamas and the Papas dans California Dreamin’. Bélanger reprend en solo quel­ques mesures de Sunshine Superman. Sur une note plus
locale, Robert Charlebois a permis qu’on utilise un extrait de l’enregistrement original de Lindbergh. Inutile de chercher la trame sonore chez votre disquaire, puisque celle-ci ne sera jamais commercialisée. Une question de droits trop difficiles à obtenir, nous a expliqué Francis Leclerc.