Le péplum, toujours à grand spectacle et pétri de nobles sentiments, s’expose à Bâle en Suisse où la Skulpturhalle propose une plongée dans ce genre cinématographique obsolète, de la période prolifique du muet à son second souffle au tournant des années 60.

L’exposition présente une centaine d’affiches de collection de films, mais surtout les vidéos de 180 scènes cultes, de la légendaire course des chars de Charlton Heston dans Ben Hur aux combats dans l’arène de Gladiator.

Acteurs bodybuildés en jupettes, amazone conquérante amoureuse platonique du héros et chrétiens persécutés s’offrent au regard des visiteurs, le plus souvent âgés de plus de 50 ans et dont la progéniture préfère jouer à cache-cache dans ce musée dédié à la statuaire grecque.

Son directeur Tomas Lochman explique que le péplum est né aux débuts du cinéma muet, d’abord en Italie puis en Amérique. Relancé par Cecil B. DeMille, la deuxième vague, dans les années 50 et 60, s’est tarie en raison du gouffre financier creusé par certaines de ces superproductions.

Cleopatra, mettant en vedette Elizabeth Taylor et tourné en 1963 par Joseph L. Mankiewicz, a été le film le plus cher sur l’Antiquité au point qu’il a failli ruiner la 20th Century-Fox, affirme-t-il.

En Italie, le genre a connu un développement très important avec des acteurs aux muscles huilés relevant les pires défis. Le Fatiche di Ercole tourné en 1958 en est l’illustration avec Steve Reeves, mi-dieu mi-fort des halles, dans le rôle d’Hercule.

Une affiche de l’exposition rappelle que Sergio Leone réalisa en 1960 Il Colosso di Rodi avant de régner sur le «western-spaghetti».

Le péplum a été facteur de progrès: ses nombreuses scènes de foule ont conduit à l’usage de la caméra mobile. Le «système technicolor à deux couleurs» a été inauguré dans la version de 1923 de The Ten Commandments.

Tourné à Cinecittà en 1937, Scipione l’africano dont Mussolini avait voulu la réalisation pour exalter le culte du chef a été «le premier film en cinémascope».

L’exposition malmène par contre quelques idées reçues véhiculées par les péplums: la danse du ventre, fréquente, n’est pas attestée dans l’Antiquité et ce ne sont pas des esclaves mais des soldats ou des marins qui ramaient sur les galères. Les quadriges n’étaient utilisés que dans les arènes alors que les héros du genre foncent sur ces bolides à travers villes et campagnes.

Mais il y a pire: «la beauté physique de Cléopâtre n’est historiquement absolument pas attestée», avance M. Lochman même si Liz Taylor ou Monica Bellucci lui ont prêté leur charme.

Sur un possible «renouveau» d’un genre souvent qualifié de ringard, il reste réservé même si Warner Bros, par exemple, prépare la suite du sanglant péplum 300 qui retrace la bataille des Thermopyles (480 avant J.-C.), vedette du box-office au printemps 2007.

Le «3D» a évidemment remplacé aujourd’hui les décors en carton-pâte, voire les lions et tigres en... peluche de médiocres péplums d’autrefois.

L’antiquité au cinéma se poursuit à Bâle jusqu’au 2 novembre. Infos : www.skulpturhalle.ch