Un rapport déposé en Cour apporte un éclairage troublant sur les affaires de Christal Films Distribution et la gestion de son président, Christian Larouche. Salaire non approuvé, loyer gonflé et avances de fonds particulières ont attiré l'attention des auteurs du rapport.
Le rapport, remis à la Cour le 1er août, a été produit à la demande des actionnaires de Christal Films Distribution, récemment protégée de la faillite. Il recommande la révision d'une série de transactions effectuées au cours des derniers mois.
Christal Films Distribution, distributeur des 3 p'tits cochons et de Continental, était considérée jusqu'à récemment comme le numéro deux de la distribution au Québec. Fondée par Christian Larouche en 2000, détenue majoritairement par l'ontarienne Maple Pictures, Christal Films Distribution comptait, parmi ses projets, les prochains Erik Canuel ou Jaco van Dormael.
Le rapport épingle plusieurs décisions prises par Christal Films Distribution. Christian Larouche a utilisé des fonds de cette entreprise, dont il n'est que l'actionnaire minoritaire, pour financer les activités d'autres sociétés qu'il dirige, note le rapport rédigé par la firme comptable Raymond Chabot.
Le distributeur a ainsi avancé 460 000 $ à Les secrets de Christal, une société immobilière dont il est l'unique actionnaire. De plus, Les secrets de Christal louait un immeuble à la maison de distribution pour un loyer de 40 à 80 % supérieur au marché, selon le rapport. Ce loyer était assumé exclusivement par Christal Films Distribution, bien que ces locaux abritaient d'autres compagnies.
Le rapport relève aussi les avances de 1,6 million consenties par Christal Films Distribution à Christal Films Productions, présidée par Christian Larouche. «Cette situation ne semblait pas être connue de Maple Pictures», l'actionnaire majoritaire du distributeur, souligne le rapport.
Ces avances «ne pourront être remboursées à brève échéance, bien que Christian Larouche se dise prêt à prendre une entente de remboursement», signale le rapport. Quant aux Secrets de Christal, la vente prochaine de ses deux immeubles lui permettra de s'acquitter de la dette de 460 000 $ envers la maison de distribution, suivant une entente à conclure avant la fin du mois.
Le rapport s'interroge par ailleurs sur le salaire de M. Larouche (350 000 $ jusqu'en mars 2008). «Nous n'avons obtenu aucun document qui confirme que la compagnie ou le conseil d'administration avait approuvé un tel salaire», dit le rapport. M. Larouche a réduit son salaire de 100 000 $ depuis le début des difficultés de Christal.
Au moment de se placer sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers en mai 2008, Christal Films Distribution devait plus de 21 millions à près de 200 créanciers. Ces dettes lui ont valu plusieurs poursuites et la perte de plusieurs contrats de distribution (Bienvenue chez les Ch'tis, par exemple).
Au printemps dernier, Maple Pictures a cessé de faire appel à Christal Films pour distribuer ses films au Québec. Les dirigeants de Maple Pictures ont quitté le conseil d'administration de Christal Films Distribution peu de temps après. À La Presse, ils avaient affirmé n'être plus associés à la direction de l'entreprise depuis plusieurs années.
Ce sont Les Films Séville qui distribuent au Québec les films de Maple. C'est aussi Séville qui a acquis le mois dernier 27 films en cours de production auxquels Christal Films Distribution était associée. Le sort des 21 autres films en production reste à déterminer.
Enfin, on apprenait hier que l'imposant catalogue de Christal Films Distribution (300 films) serait très bientôt proposé à des distributeurs canadiens pour un contrat de sous-distribution. Christal Films Distribution est sous la protection de la loi jusqu'au 10 septembre.
Avec la collaboration de Francis Vailles