L'un des trois films inscrits hier en compétition officielle manquait à l'appel. Enfin, pas tout à fait. Retenues en transit quelque part entre l'Argentine et le Québec, les bobines de Lluvia n'ont pu arriver à temps pour la représentation de la matinée.

En revanche, l'honneur fut quand même sauf car la représentation de gala a pu avoir lieu comme prévu hier soir. Ô cinéma, que de sueurs froides en ton nom! Nous reviendrons ainsi plus tard sur l'entrée argentine.

En attendant, parlons un peu de Nowhere Man, un film autour duquel circulait une certaine rumeur, probablement à cause, tout simplement, de la provenance de cette production. Ce long métrage réalisé par Patrice Toye est belge-flamand. Or, tous les festivaliers se rappellent la commotion provoquée l'an dernier par un autre petit film flamand sorti de nulle part: Ben X, de Nic Balthazar, colauréat du Grand Prix des Amériques. Ben X avait reçu un accueil comme le FFM n'en avait pas connu depuis longtemps pour un film inscrit en compétition. Dans leur for intérieur, certains festivaliers espéraient cette année une répétition du même miracle.

Nowhere Man est un film non dénué de qualités, mais le miracle n'a pas eu lieu. La réalisatrice nous plonge au coeur de la crise existentielle que traverse un homme à l'aube de ses 40 ans. Tomas a, selon l'adage, «tout pour lui». Pourtant déjà un peu fragile, il craque complètement le jour où une conversation avec un collègue lui fait entrevoir un avenir pour le moins déprimant. Sur tous les plans.

Aussi décide-t-il de «disparaître de sa vie» en faisant croire à sa mort, histoire de tout recommencer en s'inventant une autre vie. Toye s'attarde ainsi à décrire la dérive existentielle de l'anti-héros en le suivant pas à pas dans sa quête. Jusqu'au jour où le retour dans le «vrai» monde devient inévitable. Avec les bouleversements que tout cela entraîne.

La belle idée de départ s'essouffle. D'autant plus que Toye s'évertue à remplir toutes les zones d'ombres du personnage avec des dialogues inutilement explicatifs. Un peu plus d'évocation aurait mieux servi le récit.

D'une facture tout à fait différente, Chaturanga (Four Chapters) est adapté d'un livre de l'auteur indien Rabindranath Tagore. Le film, réalisé par Suman Mukhopadhyay, prend les allures d'une fresque spirituelle à travers la quête d'un jeune homme déchiré dans ses croyances. Traversé de chants incantatoires, le récit distille de très belles envolées, quoique l'ensemble se révèle par moments un peu trop académique.

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(N)iemand (Nowhere Man) de Patrice Toye. Aujourd'hui à 14 h au Cinéma Impérial.

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Chaturanga (Four Chapters) de Suman Mukhopadhyay. Lundi 1er septembre à 21 h 30 au Cinéma Impérial.