Lutte contre les baleiniers en Antarctique, combat contre l'agriculture de masse aux États-Unis, regard décalé sur le rallye Paris-Dakar: la vague de documentaires sur l'environnement s'est changée en raz-de-marée cette année au Festival des films de Toronto.

«Au cours des dernières années, la guerre en Irak était un thème majeur et les films sur l'environnement étaient un peu en retrait. Mais cette année, c'est le tsunami de documentaires sur l'environnement», explique à l'AFP, Thom Powers, programmateur de la section documentaire du Festival de Toronto.

Une dizaine d'oeuvres présentées à la grand-messe nord-américaine du 7e art abordent les questions environnementales, alors que plusieurs autres films sur ce thème ont été soumis au festival sans être retenus.

«Cela reflète la préoccupation croissante concernant notre nourriture, le climat, les aspects de la nature que nous prenons pour acquis et qui sont aujourd'hui sérieusement menacés», dit M. Powers, précisant que le festival torontois a misé sur des films à la fois engagés et nuancés.

Dans Food, inc., le réalisateur Robert Kenner tâche de déboulonner la chaîne de production alimentaire, pièce par pièce, en montrant qu'une poignée de grandes entreprises contrôlent l'ensemble du marché alimentaire américain tout en écrasant les fermiers.

Kenner cumule les images chocs de poulets entassés les uns sur les autres, trop dodus pour marcher, de porcs tués en masse dans un abattoir, dans ce documentaire didactique où il demande à la population d'acheter des produits issus de l'agriculture biologique.

Le film repose en grande partie sur le témoignage de fermiers américains, dont l'un, philosophe, des yeux bleu azur sous de larges lunettes en plastique, vante les mérites de sa production locale, critique les autorités sanitaires et raconte son amour de la terre, tout en éventrant ses poulets.

Dans At the Edge of the World, le réalisateur américain Dan Stone suit la campagne pour la défense des baleines dans l'Antarctique de l'organisation écologiste Sea Shepherd, aussi opposée à la chasse aux phoques dans l'est canadien.

Deux bateaux de la Sea Shepherd traquent un baleinier japonais dans la mer de Ross, près de l'Australie, dans une sorte de course-poursuite polaire où les écologistes ont le rôle de garde-pêche musclés, ce qui soulève la question de la patrouille de ces zones reculées.

«C'est une campagne très visuelle, cela devait aller au grand écran», explique à l'AFP Dan Stone, qui vante le combat de la Sea Shepherd mais précise que l'organisation n'a eu aucun contrôle éditorial sur son documentaire.

Le film suit les jeunes militants et leur mentor Paul Watson pendant leur odyssée, mais sans expliciter leur réelle motivation. Et la caméra est davantage braquée sur l'humain que sur les baleines ou les glaces immaculées de l'Antarctique.

Avec 7915 km, le réalisateur autrichien Nikolaus Geyrhalter suit à distance et tout en finesse les traces du rallye Paris-Dakar 2007, au Maroc, au Sahara occidental, en Mauritanie, au Mali et enfin au Sénégal en interrogeant les habitants locaux sur leur vie, leurs défis et leur vision de cette course.

Dans cet éloge de la lenteur, aux antipodes de la performance automobile, Geyrhalter suit les réflexions des habitants sur leur environnement au sens large sans qu'il soit fait mention de la pollution.

D'autres documentaires sur l'environnement ont suscité l'intérêt au Festival des films de Toronto dont Upstream Battle sur l'impact de barrages hydro-électriques sur les saumons en Californie et en Oregon et Under Rich Earth du Canadien Malcolm Rogge, sur l'industrie minière dans une région rurale de l'Équateur.