La première partie du diptyque sur la vie tumultueuse du célèbre brigand Jacques Mesrine, Mesrine : l'instinct de mort, a connu son baptême de feu, hier, au Festival de Toronto, sans rien casser. Le film de Jean-François Richet, qui nourrissait de grandes attentes, s'avère au final un biopic assez monotone, froid et sans âme.

La vie de Mesrine - interprété avec grande conviction par Vincent Cassel - a pourtant été riche en rebondissements. Sauf qu'il aurait fallu une réalisation qui dépasse le téléfilm pour arriver à lui donner du tonus et l'amener au-delà de l'anecdotique.

Ce premier épisode s'intéresse à la vie de Mesrine dans les années 60 et 70. D'abord en France, après sa participation à la guerre d'Algérie et le début de ses activités clandestines avec le brigand chevronné Guido (Gérard Depardieu); puis au Québec, où il deviendra le complice de Jean-Paul Mercier (Roy Dupuis), un petit truand acoquiné au FLQ.

Le scénario, inspiré de l'autobiographie éponyme de Mesrine, se contente d'aligner de façon chronologique les événements et les dates, sans jamais prendre de recul. Au lieu d'un portrait riche, évocateur et profond de Mesrine, Richet (Ma 6-T va cracker) se contente de faire de la peinture à numéros. Un peu de bleu pour la rencontre avec sa femme espagnole, Maria de la Soledad, qui lui donnera trois enfants avant de le quitter; un peu de rouge passion pour sa rencontre avec sa complice et grand amour Jeanne Schneider (Cécile de France); du noir pour ses premiers meurtres... Pour l'originalité de la démarche artistique, il faut repasser.

La portion québécoise, qui démarre en 1968, est plus intéressante, dans la mesure où elle donne lieu à des scènes d'action plus dynamiques, dont la célèbre évasion de prison de Mesrine et Mercier. Mais encore là, puisque Richet a choisi de tout raconter, le spectateur a aussi droit à la cavale de Mesrine et Schneider, les Bonny & Clyde français, dans le désert de l'Arizona, style Cours après moi shérif. L'épisode de leur rencontre avec un millionnaire montréalais (Gilbert Sicotte), que le couple voudra extorquer, n'apporte rien d'intéressant. Cette première partie se termine sur l'assassinat par Mesrine et Mercier de deux gardes forestiers, à Saint-Louis-de-Blandford, en septembre 1972.

De toute évidence, «l'ennemi public numéro un» n'a pas eu droit à un film de catégorie A. Reste maintenant à souhaiter que la seconde partie soit un peu plus convaincante.