C'est la nouvelle poussée de fièvre du samedi soir: avec Disco (vendredi sur les écrans québécois), le Français Fabien Onteniente ravive la nostalgie de la fin des années 70 et d'un genre musical qui aura duré moins d'une décennie mais n'en finit pas de revenir à la mode.

Deux ans après Camping, le réalisateur retrouve son acteur fétiche Franck Dubosc: on l'avait quitté Patrick Chirac sous la tente près d'Arcachon, on le retrouve Didier Travolta dans la banlieue du Havre.

Enfin, pas tout à fait «Travolta». C'était son nom de scène, du temps où il écumait les dancings de la région avec son groupe Bee Kings en compagnie de ses deux copains Walter (Samuel Le Bihan) et Neuneuil (Abbès Zahmani). Trente ans après, Didier est chômeur, endetté jusqu'au cou après une combine malheureuse, et habite chez sa mère (Annie Cordy).

Un jour, alors qu'il gratte des «Millionnaires» perdants au zinc de son bar habituel, passe son ami Jean-François Jackson (Gérard Depardieu), ancien batteur des Martin Circus devenu patron de boîte de nuit et autoproclamé l'Eddie Barclay du Havre, qui lui annonce: «le disco est de retour!». Il a en effet décidé de rouvrir sa boîte de nuit Le Gin Fizz et de lancer un concours de disco dont le premier prix est un voyage pour deux en Australie.

«Tu sais très bien que pour moi, le disco s'est arrêté après la mort du batteur de Boney M», lui répond très sérieusement Didier. Mais, en y réfléchissant à deux fois, celui-ci se dit que c'est peut-être le moyen d'offrir des vacances au bout du monde à son fils de neuf ans qui vit en Angleterre avec sa mère et qu'il ne voit jamais.

Il remet donc son débardeur Bee Gees sans manches, sa médaille Travolta, ses Ray-Ban bleu clair, son jean serré, son blouson de ska, ses bottines et, cheveux gominés coiffés en arrière, va faire un tour au Gin Fizz. Il commande un Malibu-banane et dit à Jackson: «Je vais reformer les Bee Kings».

Reste à convaincre Walter, leader syndicaliste chez les débardeurs du port, et Neuneuil, vendeur chez Darty, de remettre le costume à paillettes. Trente ans après, les temps ont changé et les trois lascars ne sont plus tout jeunes...

«Le disco, c'est une religion: on pratique ou on ne pratique pas», fait dire Fabien Onteniente à son personnage principal, quand celui-ci rencontre une professeure de danse (Emmanuelle Béart) qui va l'aider à se remettre en forme. Le film est résumé dans cette réplique: on aimera ou on n'aimera pas, selon qu'on apprécie ou non les succès de ces années-là, que le réalisateur aligne en fond musical au gré des scènes, avec toujours l'habileté de n'en diffuser que le début pour ne pas lasser.

Sunny, I Love To Love, Never Can Say Goodbye, Night Fever, Daddy Cool, Heartbreaker, Last Dance et autres Boogie Wonderland défilent donc entre deux gags, dialogues comiques ou scènes plus intimistes pour lesquelles le réalisateur s'inspire de la même philosophie que dans Camping: les gens simples et ordinaires ne sont pas plus bêtes ou inintéressants que les autres.

«Qui est ringard, qui ne l'est pas?», demande à un moment Emmanuelle Béart. C'est à prendre au premier ou au second degré, c'est selon: bons sentiments (le gentil loser qui veut offrir des vacances à son gamin et vit dans un monde d'illusions) alternent avec clins d'oeil appuyés (les costumes et décors kitsch de Depardieu, son jeu volontairement et délicieusement outré, les apparitions de Danièle Gilbert ou de Francis Lalanne en chanteur disco...nnecté).

Sans en rajouter, avec suffisamment d'humour pour ne pas se prendre au sérieux, Disco rend un hommage discret à cette période coincée entre la libération sexuelle et le sida, entre les années hippies et les années Tapie. Le film, par ailleurs machine commerciale bien huilée pour attirer le succès, plaira donc essentiellement aux plus de 40 ans, ceux que la nostalgie gagne invariablement aux premières notes de September ou How Deep Is Your Love.