Camino, film choc et intimiste de l'Espagnol Javier Fesser sur l'influence de l'Opus Dei sur une fillette malade en stade terminal, a été bien accueilli jeudi au Festival de San Sebastian par un public et des critiques visiblement ébranlés.

Ce long métrage projeté en compétition officielle raconte les derniers mois de la vie de Camino, une fillette de onze ans qui découvre en même temps l'amour, son premier amour, et la mort.

«Ce film fait l'effet d'un coup de poing émotionnel, il ne laisse personne indifférent», a expliqué en conférence de presse l'un de ses producteurs, Luis Manso, exprimant le sentiment de nombreux spectateurs et critiques, dont certains sont sortis de la projection les yeux rougis de larmes.

Camino est éduquée de manière très stricte, dans le respect des dogmes de l'Opus Dei, puissante organisation catholique internationale fondée en Espagne et dont sa mère suit les préceptes avec une ferveur appliquée.

Au fur et à mesure de l'évolution de la maladie de la fillette, un cancer rare, sa mère s'obstine à lui répéter, comme pour s'en convaincre elle-même, qu'elle a été choisie par Dieu pour mourir, et que cette épreuve sera pour elle une «chance» d'être plus près de Jésus Christ.

Inspiré de l'histoire réelle d'une adolescente décédée en 1985 à Pampelune - berceau de l'Opus Dei -, et actuellement en processus de béatification, ce film de près de deux heures et demie mêle habilement aspects dramatiques, et ceux du conte fantastique dans lequel aime se réfugier la jeune héroïne.

Javier Fesser n'hésite pas à évoquer les aspects les plus conservateurs de l'Opus Dei, en montrant par exemple la soeur aînée, «numéraire» (célibataire qui vit en communauté après avoir ressenti un appel de Dieu) à Pampelune, se voir refuser la permission d'aller au chevet de sa soeur mourante à Madrid.

Ce long métrage peut être interprété à bien des égards comme une critique à l'encontre de la puissante organisation fondée en 1928 par l'Espagnol José Maria Escriva de Balaguer, qui eut les faveurs du défunt pape Jean Paul II qui lui accorda une canonisation «express», à laquelle il parvint dès 2002.

Le réalisateur assure toutefois avoir «voulu faire ce film du point de vue le plus objectif possible et proposer une radiographie fidèle de l'Opus Dei, tout en défendant le respect de la diversité d'opinions», loin du thriller Da Vinci Code qui mettait en scène un tueur fanatique de l'Opus.

Il a dit se reconnaître dans le personnage du père, désespéré de voir sa fille subir d'atroces souffrances et doutant des consignes de l'Opus Dei.

L'autre film projeté jeudi en compétition officielle, Maman chez le coiffeur, aborde l'histoire d'une adolescente brutalement projetée dans le monde des adultes, lorsque sa mère abandonne sa famille après avoir découvert que son mari avait une relation homosexuelle.

Ce film de la Canadienne Léa Pool, se déroule dans le Québec des années 1960. La jeune Élise découvre que, contrairement à ce qu'elle croyait jusqu'alors, «tout le monde n'est pas tout le temps heureux». Elle apprend à s'occuper de son plus jeune frère, très perturbé par le départ de la mère.

Deux films doivent encore être projetés en compétition officielle, dont Dream, dernier long métrage du Coréen Kim Ki-duk, avant l'annonce samedi par le président du jury, l'Américain Jonathan Demme, du palmarès de cette 56e édition.

Selon les critiques présents dans la station balnéaire basque, deux films se détachent pour l'instant pour remporter le Coquillage d'or (Concha de oro), principale récompense du festival: Tiro en la cabeza, film sur l'ETA de l'Espagnol Jaime Rosales, et Still Walking, portrait familial du Japonais Hirokazu Kore-Eda.