Permettre aux centres de vacances pour enfants malades «Hole in the Wall» de continuer à toucher les bénéfices de son entreprise de vinaigrette même après sa mort: c'est l'objectif que s'était fixé l'acteur Paul Newman, disparu la semaine dernière à 83 ans des suites d'un cancer du poumon.

Il avait abordé le sujet il y a quelques années lors d'une partie de pêche avec ses amis Robert Forrester et David Horvitz.

«Bien qu'il soit une icône de Hollywood (il avait été finaliste 10 fois aux Oscars, NDLR), ça a été un des rares moments où Newman a réfléchi à l'image qu'il aimerait laisser après sa mort», a rappelé dimanche David Horvitz, président de l'association «Hole in the Wall» (trou dans le mur, du nom de la bande de Butch Cassidy et le Kid dans le western de 1969), qui compte onze camps de vacances dans le monde. «La plupart du temps, il ne pensait pas à son héritage. Il vivait beaucoup plus dans le moment présent.»

Plutôt qu'à sa carrière, l'acteur décédé vendredi préférait qu'on se souvienne de lui au travers de ces centres qu'il a permis de créer pour des enfants du monde entier souffrant de pathologies graves. Il voulait être sûr que 100% des bénéfices provenant de sa très populaire entreprise d'alimentation, Newman's Own, continueraient à leur revenir.

S'estimant gâté par la vie, né avec un regard bleu acier et un don pour la comédie, Paul Newman avait confié à son ami combien l'existence de ces enfants frappés d'une maladie grave comme le sida ou la leucémie était injuste. «Il ressentait le besoin, l'obligation de rendre ce qu'on lui avait offert», a estimé Horvitz. «Il aimait ces centres. Il aimait y aller. Il aimait être avec les enfants. Il aimait leurs sourires et leurs rires», a-t-il ajouté avec émotion.

C'est en 1982 que Newman et l'écrivain A. E. Hotchner créaient Newman's Own pour commercialiser une vinaigrette portant le nom de l'acteur. Commencée comme une blague, l'entreprise est devenue une affaire de plusieurs millions de dollars.

Newman et sa société d'alimentation ont depuis versé plus de 250 millions $ à des organisations caritatives. L'an dernier, 28 millions $ de la vente de sauce tomate, de vinaigrette, de pop-corn et d'autres produits ont été distribués à des oeuvres, notamment au réseau Safe Water, créé par l'acteur pour alimenter en eau potable des villages pauvres d'Inde et d'Afrique.

Jusqu'à il y a deux ans, Paul Newman avait la responsabilité de la distribution des bénéfices de la société. Afin de lui permettre de continuer à fonctionner sans l'acteur, lui et Forrester ont créé une fondation privée et indépendante, la Newman's Own Foundation.

«Vraiment, tout est en parfait état», a assuré Forrester, après la mort de Paul Newman, à propos de la Fondation et de la société. «Il avait dit: 'quand je ne serai plus là, la fondation continuera à donner tout cet argent’», a ajouté son ami.

Sa mission va donc continuer. Son visage souriant figurera toujours sur les bouteilles de marinade et sur les emballages de pizza. Et sa femme, Joanne Woodward, continuera à participer au conseil d'administration de la fondation Newman's Own. Les amis de l'acteur envisagent même de faire fructifier l'affaire dans le but de donner encore plus d'argent à des oeuvres.