Aux prises avec de graves difficultés financières qui ont mis à mal son entreprise de distribution de films et coûté leur emploi à des dizaines de personnes, Christian Larouche se bat depuis maintenant plusieurs mois pour sauver son honneur dans le milieu du cinéma. Il s'est confié à La Presse, hier, sur le plateau de tournage de Léo Huff.

L'année 2008 en sera une à oublier pour le président de Christal Films, Christian Larouche, dont l'entreprise est placée sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers depuis mai. «Pour le moment, ce n'est pas facile, avoue-t-il. C'est long. Je fais mes deuils tranquillement. Voir partir mon équipe fut le plus difficile. Au moins, les employés se replacent. Les nuits ont été très dures. Du jour au lendemain, j'étais à la tête de l'entreprise numéro 2 en distribution et tout s'est écroulé. Dans ce milieu, on peut gagner, mais aussi perdre beaucoup.»

 

Christal Films Distribution doit plus de 18 millions à 200 créanciers. La situation a dégénéré rapidement, au dire de Larouche, en début d'année. «J'ai eu une ou deux sorties de films qui n'ont pas marché. Puis, la banque a resserré le financement de la compagnie et, du coup, je n'ai pu payer les factures. C'est alors devenu impossible de redresser l'entreprise à temps.»

Mais plutôt que de déclarer faillite, Christian Larouche dit avoir tenté le tout pour le tout pour rendre l'argent dû. Du moins, en partie. «Mes avocats, mon contrôleur, tout le monde m'a dit de déclarer faillite, affirme-t-il. Mais je ne veux pas. J'ai décidé de me battre. Je veux avoir la tête haute quand je parle aux gens. J'ai pris la route la plus longue, mais c'est mieux pour les créanciers qui veulent ravoir leur argent à court terme.»

À la fin de l'été, on apprenait que Les Films Séville avaient acquis 22 longs métrages canadiens «orphelins» de Christal Films. «Là, on est en train de remettre nos 30 films étrangers à des TF1 et Gaumont. Ce devrait être réglé d'ici une semaine et la facture devrait ainsi s'alléger de 5 millions. On est aussi en train de vendre le catalogue de Christal qui comprend 300 films.»

Christian Larouche avoue toutefois ne pas être en mesure de rembourser la totalité des sommes dues aux créanciers. Mais au moins, 15 millions, croit-il. «Je pense faire le mieux que je peux. Au moins, la banque, mon créancier principal, a été totalement remboursée. Une proposition devrait être faite aux autres le 20 octobre», dit Larouche dont le salaire (estimé annuellement à 350 000 $ puis 100 000 $ plus tôt cette année) fond de semaine en semaine. «Ma femme (la productrice Caroline Héroux de Gaëa Films) va s'occuper de faire vivre la famille ces prochains mois!»

Pour se consoler, Christian Larouche se rabat sur son travail de producteur. «J'ai tourné comme jamais, cette année (Miss Météo 2, Les grandes chaleurs, Noémie, Léo Huff, À vos marques... Party! 2 - à compter du 17 octobre), mentionne celui qui soutient avoir encore l'appui du milieu du cinéma. «Je crois avoir encore une très bonne réputation.»