Le dernier film de l'Américain Spike Lee, Miracle at St. Anna, s'est retrouvé avant même sa sortie au centre d'une polémique en Italie, des résistants de ce pays accusant le réalisateur d'avoir trahi l'histoire en racontant un massacre de la Seconde Guerre mondiale.

Dans son film qui relate l'histoire vraie de quatre soldats noirs pris au piège en Italie pendant la guerre, Spike Lee évoque le massacre par des soldats allemands de 560 civils dans le village de Stazzema en Toscane.

Il laisse entendre que le massacre a pu être perpétré parce qu'un résistant en poste comme sentinelle n'a pas prévenu, comme il l'aurait dû, les habitants de l'arrivée des Allemands.

Une dizaine de résistants présents lors du massacre et une cinquantaine de survivants, contestent cette version, selon le quotidien La Stampa. Ils ont prévu d'organiser un sit-in qui doit avoir lieu mercredi soir à Viareggio, en Toscane, pendant la diffusion du film en avant-première, qui sort vendredi dans les salles en Italie.

«Il s'agit d'une version erronée», a de son côté réagi l'écrivain Giorgio Bocca, ancien résistant, dans un éditorial publié mercredi dans le quotidien de gauche La Repubblica.

Le réalisateur a récemment justifié sa version des faits: «Les résistants? Souvent, ils prenaient la fuite et ils abandonnaient les populations aux représailles».

James McBride, l'auteur du roman dont est inspiré le film s'est «excusé d'avoir heurté la sensibilité et la susceptibilité des résistants», tout en soulignant: «mon histoire est une fiction, une version romancée».

«Spike Lee a-t-il la moindre idée de ce qu'est un combat mené par des résistants? Il s'agit justement de surprendre, de frapper et de fuir dans le but de faire mal à l'ennemi et de réussir à survivre», s'indigne Giorgio Bocca.

Le maire de Stazzema, Michele Silicani, a de son côté estimé que la polémique «n'est qu'un nuage de poussière, une exagération», et s'est en revanche félicité du fait qu'un «grand réalisateur fasse parler de notre terre, cela nous fait de bien, et ça aide le tourisme».