La comédie d'Olivier Asselin entremêle couleur et noir et blanc, chansons et réflexions, amour et argent dans un récit tournant autour du krach boursier de 1929. 

Avec ce film, Olivier Asselin revient au genre qui l'a fait connaître et qu'il a pratiquement inventé, du moins au Québec, la comédie philosophique. 

Coscénarisé avec sa complice artistique et sentimentale, Lucille Fluet, le film comporte mille et un allers-retours géographiques, historiques et économiques. 

«Nous ne sommes pas historiens, ni économistes, fait-il. C'est une relecture, un condensé. La question du capitalisme ou de la société marchande est la plus brûlante, mais on a commencé à travailler sur ce sujet il y a 10 ans.» 

L'originalité de la réflexion des deux auteurs tient à leur analyse des sentiments humains par le prisme du discours économique. 

«La question de la valeur marchande me semblait urgente. Cette logique a aujourd'hui pénétré la vie privée. Toutes les choses ont une valeur, même les gens. On évalue tout le monde à ses avoirs et à son salaire. Tout est interchangeable, dépendant de l'offre et la demande», estime-t-il. 

Mais le traitement n'est pas didactique pour autant. Olivier Asselin poursuit ici son travail de distanciation. 

Le film honore la mémoire des Marx Brothers et de Marcel Duchamp, tout en multipliant les références à la comédie musicale, à l'expressionnisme, à Chaplin, à Von Sternberg, à Welles, etc. 

Après avoir touché à la télévision, Olivier Asselin a pu aussi approfondir ses connaissances de la technologie numérique, avec un malin plaisir. 

«Une fois que le film a été monté, grande liberté, on a pu travailler l'image. On a travaillé la palette et les couleurs, les contrastes. Même le noir et blanc a été retravaillé», souligne-t-il. 

L'ancien étudiant des beaux-arts aime cadrer, composer. Plus de 200 plans du film ont nécessité de l'animation. La post-production numérique a été réalisée avec les «très talentueux» artistes du Studio Fly, explique Asselin. 

La musique du film, de Gaétan Gravel, puise également à toutes les sources. «C'est Stravinski qui rencontre Gershwin, note le réalisateur. Mais contrairement à ce qui se fait normalement, on a monté le film sur la musique.» 

Le mot est lâché. Olivier Asselin continue de fuir le cinéma «normal», les formes dominantes et traditionnelles. Un capitalisme sentimental s'inscrit dans sa recherche constante d'intelligence, d'humour, de liberté. 
_______________________________
Un capitalisme sentimental est présenté le 8 et le 19 octobre au FNC et prend l'affiche le 31 octobre.