À partir d'une conversation avec son grand-père, lors d'une partie de pêche, il y a plus de 30 ans, Paul Gross a créé le film de guerre le plus ambitieux de l'histoire du cinéma canadien.

La bataille de Passchendaele
(Passchendaele dans sa version originale) est l'aboutissement d'un long travail en vue de rendre hommage aux soldats canadiens tués à l'une des plus sanglantes batailles de la Première Guerre mondiale.

Paul Gross, l'un des acteurs les plus connus au Canada anglais (particulièrement grâce à la télésérie Due South), avait 15 ans lorsque son grand-père maternel lui a parlé pour la première fois de la bataille de Passchendaele, survenue à l'automne 1917, en Belgique. Plus de 5000 soldats canadiens y avaient laissé la vie.

 

En entrevue au Soleil, à une semaine de la sortie «d'un océan à l'autre» de son film, réalisé au coût de 21 millions $, Paul Gross explique qu'il nourrissait depuis longtemps l'idée d'écrire un long-métrage à partir des révélations de son aïeul, un vétéran de la Première Guerre mondiale blessé trois fois au cours de la bataille d'Amiens.

 

 

«Plus jeune, je lui demandais souvent s'il avait déjà tué des Allemands. Ce n'est que plus tard qu'il s'est ouvert à moi. Il m'a raconté ce moment où il avait tué d'un coup de baïonnette en plein front un jeune soldat ennemi. C'était la première fois qu'il m'en parlait. C'est un moment qui l'avait bouleversé. C'est aussi la première scène de guerre qu'on voit dans le film.»

 

À partir de son scénario écrit il y a 13 ans, Paul Gross a trimé dur pour trouver le financement afin de mener à bien son projet. D'où l'idée de porter à la fois le chapeau de producteur, scénariste, réalisateur et acteur principal.

 

Gross a voulu des conditions de tournage les plus proches possible de ce qui prévalait alors sur les champs de bataille de Passchendaele. Surtout de la pluie, beaucoup de pluie, toujours de la pluie... «Les gens l'ignorent, mais beaucoup de soldats canadiens sont morts noyés à Passchendaele, après avoir subi des blessures et être tombés la figure dans l'eau.»

 

À titre d'acteur et de réalisateur, Gross devait voir à tout sur le plateau. «À la fin de la journée, j'aurais aimé retourner à la maison, mais je devais préparer celle du lendemain. J'étais détrempé, plein de boue, les genoux et les épaules meurtris, j'aurais préféré être dans mon lit...»

 

Les Canadiens en savent très peu au sujet de la bataille de Passchendaele en particulier, et de l'histoire militaire canadienne en général, déplore Gross. «À l'époque, 600 000 soldats ont participé à la Première Guerre mondiale, c'était pres­que 10 % de la population du pays, qui comptait alors sept millions d'habitants. Et de ce 10 %, un ratio identique a été tué. Des chiffres de cette ampleur sont difficiles à imaginer de nos jours.»

Caroline Dhavernas : la pression de ne pas décevoir

C'est seulement à son arrivée sur le plateau de tournage albertain de La bataille de Passchendaele que Caroline Dhavernas a pris conscience de l'ampleur du film de Paul Gross. Du coup, l'actrice québécoise s'est senti investie de la mission de ne pas décevoir le cinéaste qui portait ce projet sur ses épaules depuis si longtemps.

 

«C'est beaucoup l'histoire d'amour qui m'a touchée (dans le scénario)», explique la comédienne de 30 ans au regard bleu océan. «C'est en voyant le plateau de tournage, les champs de bataille, les photos de la véritable bataille que j'ai réalisé dans quel projet je m'étais embarquée. Ça m'a mis de la pression sur les épaules parce que je voulais respecter la vision de Paul Gross.»

 

Native de Montréal, Caroline Dhavernas est l'une des rares comédiennes québécoises, sinon la seule, à mener de front une carrière au Québec et aux États-Unis. Son anglais sans accent lui sert beaucoup, elle qui a fait ses études primaires dans une école anglophone. «Quand on est jeune, on apprend tellement plus vite.»

 

Vedette de la série télé Wonderfalls du réseau Fox, on a aussi pu voir Caroline Dhavernas dans les films Hollywoodland (avec Adrian Brody et Ben Affleck) et Breach (avec Ryan Philippe et Chris Cooper). Elle a également tourné sous la direction du vétéran Peter Greenaway, dans The Tulse Luper Suitcases.

 

Malgré ce curriculum américain bien garni, la jeune femme tient à conserver des liens avec son lieu d'origine. «J'ai toujours aimé travailler ici. C'est important pour moi de travailler dans ma langue.»

 

À choisir entre un tournage américain et québécois, elle avoue donner priorité aux auteurs et au contenu. «Tout dépend de qui fait le film et de l'histoire. C'est souvent l'histoire qui est importante.»

 

Mais ce n'est pas demain la veille que la fille des comédiens Sébastien Dhavernas et Michèle Deslauriers s'exilera aux États-Unis. En plus d'un «petit pied-à-terre» à New York, elle vient de s'acheter un condo sur le plateau Mont-Royal. Après La bataille de Passchendaele, elle sera de retour sur nos écrans l'été prochain dans la comédie De père en flic, d'Émile Gaudreault (qui l'avait dirigée dans Surviving my Mother), avec Michel Côté et Louis-José Houde.