Le réalisateur d'Un capitalisme sentimental, Olivier Asselin, n'en est pas. Rares sont ceux, toutefois, qui poursuivent leur route dans ce métier avec autant de liberté, aussi bien philosophique qu'esthétique.

La thèse d'Olivier Asselin, docteur en histoire de l'art, porte sur l'inclassable empêcheur de tourner en rond qu'était Marcel Duchamp, ce qui en dit long sur sa vision de l'art et de la créativité.

Olivier Asselin a beau être un érudit, il fuit comme la peste l'élitisme et les discours inaccessibles.

«Dans les années 20 et 30, les artistes d'avant-garde aimaient les arts populaires, le jazz, Charlie Chaplin, les frères Marx. Pour eux, c'était le cinéma qui était le plus subversif. Ils croyaient que la culture de masse pouvait les aider à se libérer des institutions», décrit-il.

Professeur à l'Université de Montréal en histoire de l'art et en cinéma, il a le physique de l'emploi. Mais il dégage aussi un je ne sais quoi de juvénile qui lui donne l'allure d'un joueur de tours. Au diapason de son dernier film qui mêle amour et argent, comédie et drame, réflexion et divertissement.

«Dans une version préliminaire du scénario, on jouait avec les mots: transaction adultère, économie libidinale, etc. On voulait faire un film où l'on trouverait de la compassion et de l'ironie, en même temps. Dans le film, le spectateur peut entrer dans une scène, mais ça ne l'empêche pas de décrocher, puis de raccrocher», raconte celui qui a écrit le long métrage avec sa compagne, sa muse et actrice principale, Lucille Fluet. Elle est au centre de ses trois réalisations pour le grand écran, dont La liberté d'une statue en 1991 et Le siège de l'âme en 1997.

Depuis 10 ans, Asselin a aussi réalisé deux autres films pour la télévision et un long métrage vidéo, «quelque chose de très différent» avertit-il, Les derniers jours de Paris, tourné en partie à Pompéi.

Avec Un capitalisme sentimental, Olivier Asselin continue d'expérimenter avec joie les possibilités infinies qu'offre la technologie numérique. Il parle longuement de lumière, de couleurs, de contrastes, de saturation et de rabattement.

«La postproduction a été particulièrement longue. On a eu la chance de travailler avec le studio Fly. Les gens qui travaillent là-bas sont jeunes, dynamiques, brillants», raconte-t-il avec enthousiasme.

Il aime le cinéma qui est imaginaire, non naturaliste, le surréalisme, le cinéma d'avant-garde et d'animation. Olivier Asselin ne fait pas un cinéma psychologique où sont expliquées les relations humaines.

«Ce n'est pas que ça ne m'intéresse pas, mais je ne fais pas ça. Dans Un capitalisme sentimental, c'était l'art d'avant-garde que je voulais toucher, ce qu'il offre de meilleur et de pire, dont Marcel Duchamp qui est, à mes yeux, l'un des plus grands artistes avec l'humour, la liberté, le sens critique, l'autodérision dont il a fait montre, en plus de son regard sur les mythologies artistiques.»

Grand cinéphile, il aime autant parler de Michael Moore que des frères Marx ou d'Oliver Stone. Au moment de l'entretien avec La Presse, il venait de voir des extraits de W. de Stone.

«C'est beaucoup plus complexe la situation aux États-Unis. Il y a tout un système en place. Si ça n'avait pas été Bush, ça aurait été quelqu'un d'autre. Ce sont tous les gens autour de lui. Diaboliser un individu c'est un acte très violent. Est-ce que la fin justifie les moyens?»
demande-t-il.

Clairement, Olivier Asselin, lui, a choisi son camp. Rester libre et indépendant.
Un capitalisme sentimental est présentement à l'affiche.