Parce que le tournage d'un Da Vinci Code à Paris n'a pas de prix en terme de répercussions économiques, la France déploie le tapis rouge à dix scénaristes américains dans l'espoir qu'ils intègrent des décors ou des personnages français dans leurs futurs films.

Du 6 au 13 novembre, ces scénaristes figurant tous sur la «A-list» travaillant avec les grands studios, vont découvrir des lieux nouveaux loin des sentiers battus: exit Le Moulin Rouge ou la French Riviera, welcome le marché de gros de Rungis, près de Paris, ou le port de Marseille.

Nouveaux endroits et nouveaux personnages. Ainsi, ils vont suivre une équipe de la brigade fluviale sur la Seine, ou encore un chef de l'équipe du multi-étoilé Alain Ducasse faisant ses courses à Rungis...

«Rungis est un décor formidable qui peut à la fois servir pour un thriller ou un film d'amour», assure Franck Priot, directeur général adjoint de Film France, organisme de promotion des tournages en France, à l'origine de cette opération séduction.

Plus généralement, l'idée est que «si on veut voir plus de films tournés en France, il faut des histoires écrites en France», dit-il à l'AFP. Donc faire découvrir aux scénaristes, qui sont en amont de la production d'un film, des lieux à fort potentiel dramatique, susceptibles d’être le cadre de séquences différentes.

Ainsi Marseille peut être le théâtre de l'histoire du journaliste-résistant américain Varian Fry qui a aidé des artistes et intellectuels comme André Breton ou Chagall à passer aux États-Unis.

John August (Charlie et la chocolaterie), Michael Brandt (2 Fast 2 furious), Michael Dougherty (Superman Returns, X-Men 2), John Lee Hancock (Un monde parfait), Edward Neumeier (Robocop, Starship Trooper) font partie des dix scénaristes invités à Paris et dans le sud de la France, qui totalisent «70 % des tournages étrangers en France», selon Franck Priot.

Les enjeux économiques sont très importants, à court et moyen terme, du recrutement d'artistes et techniciens à l'hébergement en passant par le tourisme via les décors montrés aux spectateurs du monde entier.

Les calculs de Film France sont éloquents: les films hollywoodiens sortent dans 200 à 300 pays. Un Da Vinci Code atteint jusqu’à 500 millions de personnes. Les plus gros tournages américains réalisés en France entre 2005 et 2007 ont chacun laissé entre 10 et 20 millions d'euros de dépenses directes à l'économie française.

Marie-Antoinette, Les vacances de M. Bean ou Rush Hour 3 ont généré des chiffres d’affaires allant de 500 000 à un million d'euros rien que pour l'hôtellerie.

L'opération séduction vise enfin à ramener en France des tournages qui ont souvent lieu chez ses voisins. Inglourious Basterds, le dernier Tarantino, «se déroule à 95 % sous l'occupation nazie en France mais il est tourné actuellement à 95 % en Allemagne», regrette Franck Priot.

En cause un euro cher mais aussi les avantages fiscaux dont bénéficient les tournages dans les autres pays européens et que la France vient d'inscrire dans sa prochaine loi de finances.

«Par rapport au Montenegro, on est 30 à 40 % plus chers», assure Lydie Fenech, directrice générale de Cinéma au Soleil/Prides Image, association de 80 entreprises de la filière Image en Provence-Alpes-Cote d'Azur.

Quand les réductions de taxes seront votées, «cela va nous faire beaucoup de bien côté devis!», assure-t-elle.