Histoire d'amour et de vampires, d'une sensualité à fleur de coeur et de corps, le roman Twilight (Fascination) de Stephenie Meyer a séduit des millions d'adolescentes dans le monde. L'adaptation cinématographique de Catherine Hardwicke nous arrive le 21 novembre. Les attentes sont immenses. Rencontre avec ceux qui ont mis le livre en images.

Stephenie Meyer n'aime pas les «histoires de peur». Elle n'a jamais lu de romans d'horreur et en matière de films, les pires frissons auxquels elle s'est exposée sont ceux que procurent les longs métrages d'Alfred Hitchcock. Elle est pourtant à l'origine de la tétralogie qui s'ouvre avec Twilight (Fascination, en français) et suit l'histoire d'amour entre Bella, une adolescente d'aujourd'hui, âgée de 17 ans, maladroite et déracinée, et Edward, un... vampire, à la force herculéenne qui a lui aussi 17 ans - mais depuis près d'un siècle.

Et la romancière insiste sur «histoire d'amour». Là bat le coeur de son oeuvre. Dans un amour (im)possible qui baigne dans une atmosphère vaguement gothique. Comme si Roméo et Juliette rencontrait Les hauts de Hurlevent. Succès quasi instantané auprès de la gent adolescente: en trois ans, la série (dont la version française du dernier tome, Révélation, est arrivée hier sur le marché québécois) s'est vendue à 18 millions d'exemplaires.

Le septième art ne pouvait que se pencher sur le dossier. «En fait, j'ai été contactée avant que le premier tome ne soit publié», racontait Stephenie Meyer lors d'une conférence de presse tenue à Los Angeles à quelques jours de la sortie de l'adaptation cinématographique de Twilight, réalisée par Catherine Hardwicke (Thirteen, Lords of Dogtown) et mettant en vedette Kristen Stewart (Into the Wild) et Robert Pattinson (Harry Potter and the Goblet of Fire). 

Et la transposition à l'écran s'est, pour elle, faite sans douleur: «Ça a été un échange agréable... et je crois que ce n'est pas habituel», a-t-elle pouffé avant d'admettre que certaines choses étaient pour elle non négociables: «Mes vampires n'ont pas de crocs et n'en ont pas besoin tant ils sont forts. Face à eux, les pieux et l'ail ne servent à rien, ils ne dorment pas - donc, pas de cercueils chez eux - et le soleil ne les blesse pas.»

Il fallait qu'il en aille ainsi dans le film pour qu'elle cède ses droits. De plus, elle voulait que tous les membres de la famille d'Edward, les Cullen (ses «parents», ses deux «frères» et ses deux «soeurs»), soient du scénario, et à l'image de ce qu'ils sont dans les romans.

Elle a gagné sur tous les points. En ce sens, Twilight est, sur le plan du récit, une excellente adaptation. Parce que, justement, on ne sent pas l'adaptation. La scénariste Melissa Rosenberg et la réalisatrice Catherine Hardwicke y ont laissé leur empreinte, mais sans jamais mordre ni arracher des morceaux. Juste en rendant l'ensemble plus cinématographique. «La course d'Edward dans les grands arbres, avec Bella sur son dos, ne vient pas du roman... mais est dans l'esprit du roman», note la réalisatrice. «Et les méchants arrivent beaucoup plus tôt dans le film que dans le livre», ajoute la scénariste.

Un bon coup, que celui-là. Car si la famille Cullen est composée de vampires civilisés qui se nourrissent de sang animal, il n'en va pas de même pour tous les représentants de leur espèce. Dont font partie les trois vampires nomades qui sévissent sur leur territoire et menacent la vie de Bella. Ils s'appellent James, Laurent et Victoria, et sont incarnés avec superbe par Cam Gigandet, Edi Gathegi (qui s'est inspiré du chevalier de Saint-Georges, compositeur afro-français du XVIIIe siècle, pour le style et l'allure du personnage) et la Montréalaise Rachelle Lefevre.

Avec sa chevelure de feu cascadant sur ses épaules, son esprit libre et vif, la jeune femme qui multiplie les apparitions dans les séries américaines (Boston Legal, Life on Mars, CSI: NY), pourrait vraiment faire une percée au cinéma hollywoodien. On sent déjà, d'ailleurs, que la production a des projets pour elle si le deuxième roman de la série prend à son tour la direction du grand écran.

Sa complicité avec Catherine Hardwicke est d'ailleurs tangible. Et pour cause: «Je ne connaissais pas les romans quand j'ai entendu parler du projet, mais je voulais absolument travailler avec Catherine. Alors, j'ai lu Twilight, et je lui ai écrit une lettre de trois pages. Je lui ai dit combien j'avais aimé ma lecture et je lui ai parlé de ma vision des vampires. De cette manière dont notre désir de vivre éternellement ne fait que dévaluer la vie, parce que le temps n'a plus d'importance et que l'existence n'a plus cette fragilité si précieuse.»

Elle a convaincu la réalisatrice. Et va convaincre les twilighters. 

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Twilight prend l'affiche le 21 novembre, en anglais et en français (Twilight: La fascination)
Les frais de voyage de ce reportage ont été payés par Les Films Séville (Summit Entertainment).