Le cinéaste français Roman Polanski a déposé via ses avocats mardi une demande d'abandon des poursuites contre lui à Los Angeles dans une affaire de relations sexuelles avec une mineure, qui l'avait conduit à fuir les États-Unis en 1978, a-t-on appris de source judiciaire.
  
Les défenseurs de M. Polanski ont affirmé avoir mis au jour de nouvelles preuves montrant que le réalisateur, aujourd'hui âgé de 75 ans, n'avait pas bénéficié à l'époque d'une procédure pénale équitable.
  
Les avocats, Chad Hummel et Bart Dalton, ont expliqué qu'un documentaire récent sur l'affaire avait mis en évidence «un ensemble de mauvais comportements et de communications entre la Cour et le bureau du procureur, en violation de l'égalité devant la loi, et sans que l'accusé ni ses avocats en aient eu connaissance».
  
Selon eux, cette affaire constitue «un exemple classique de la façon dont notre système judiciaire peut être utilisé à mauvais escient, les droits du justiciable foulés aux pieds, via une alliance mauvaise entre les tribunaux et les parquets».
  
Le film auquel ils se réfèrent, Roman Polanski: wanted and desired, a été diffusé en juin sur la chaîne câblée américaine HBO.
  
Roman Polanski, né en France de parents polonais puis élevé en Pologne, avait plaidé coupable de «relations sexuelles illégales» après avoir été arrêté à la suite de la plainte des parents d'une adolescente de 13 ans, mais avait fui les États-Unis avant l'énoncé du verdict.
  
La procédure courant contre lui à Los Angeles n'a jamais été annulée et le cinéaste n'a pas remis les pieds depuis plus de 30 ans sur le sol américain, pas même pour recevoir l'Oscar du meilleur réalisateur qui lui a été décerné en 2003 pour Le pianiste.
  
De son côté, une porte-parole du bureau du procureur, Sandi Gibbons, a indiqué que son administration n'avait «pas reçu de documents des avocats de M. Polanski». «Nous espérons voir M. Polanski au tribunal pour débattre de l'affaire», a-t-elle ajouté.
  
À l'époque de la diffusion de Wanted and desired sur HBO, le tribunal de Los Angeles avait obtenu des producteurs qu'ils en modifient la conclusion. Dans une première version, celle-ci affirmait qu'un juge de Los Angeles avait proposé à Polanski en 1997 de revenir aux États-Unis pour être condamné, en échange de quoi il ne serait pas renvoyé en prison.
  
Le documentaire assurait que le magistrat avait posé une condition: que l'audience soit télévisée. Mais le tribunal avait démenti: «aucune condition préalable de ce type n'a jamais été posée par le juge en question, que ce soit en 1997 ou à un autre moment».