Il y a 50 ans, Antonio Carlos Jobim et Joao Gilberto jetaient les bases d'un nouveau style de chanson brésilienne appelé à connaître un immense succès international: la bossa nova.

Il était à prévoir que le 2e Festival du film brésilien, qui se déroule au Cinéma du Parc jusqu'au 11 décembre, rendrait hommage à ce mouvement musical majeur, qui nous a donné une flopée de classiques, incluant les incontournables Desafinado et The Girl from Ipanema.

Trois films seront donc consacrés à la bossa nova. Si l'un d'entre eux (Bossa Nova, de Bruno Barreto) n'est musical que par la bande (sonore), la fiction Out of Tune et le documentaire Vinicius se consacrent très précisément au sujet.

Réalisé par Miguel Faria Jr. Vinicius offre un portrait austère de l'auteur-compositeur-interprète Vinicius de Moraes, rouage important de la révolution bossa nova. Le tout réalisé sous forme théâtrale et poétique, à l'image de l'univers artistique de ce personnage clé de la culture brésilienne du XXe siècle, qui créa entre autres la comédie musicale Orfeu da Conceição.

Plus léger, Out of Tune (Os Desafinados) raconte le parcours d'un groupe de bossa nova fictif, venu chercher la gloire à New York, au début des années 60. S'il reste assez classique dans sa forme, ce faux film biographique de Walter Lima Jr permet de mesurer l'ampleur de la vague bossa dans l'Amérique pré-Beatles - vague qui laissa une trace indélébile sur le mouvement cool jazz, par l'entremise des musiciens Charlie Byrd et Stan Getz.

Au delà de la bossa, le Festival consacre encore deux long métrages à la musique pop brésilienne. Cazuza (Time Doesn't Stop) raconte la vie de la rock star Cazuza, sorte de Freddie Mercury des tropiques, mort du sida à l'orée des années 90. Two Sons of Francesco relate pour sa part l'ascension de Zézé et Luciano Di Camargo, célèbre duo country des années 70. Fait à noter: cette oeuvre de Breno Silveira est le seul film brésilien en 25 ans à avoir dépassé les 5 millions d'entrées au Brésil.

Il faut savoir que le cinéma brésilien émerge d'une longue période de torpeur. Minée par les compressions gouvernementales, la production nationale avait pratiquement cessé dans les années 90. Depuis le succès international de Central do Brasil et de La cité de Dieu, l'industrie reprend du poil de la bête, avec plus de 200 films depuis 1995, dont un bon nombre bien accueillis par la critique.

Mutum, de Sandra Kogut, incarne assez bien l'émergence de ce nouveau cinéma d'auteur. Ce drame touchant, rempli de silences, raconte la dure réalité des paysans brésiliens, à travers le regard sensible d'un jeune garçon de 10 ans. Idem pour Incurable, premier long métrage remarqué du Gustavo Acioli.

Mais que cela ne vous empêche pas de faire un bond en arrière. Soucieux de remettre la production brésilienne actuelle en perspective, le Festival présentera aussi L'assaut du train postal, un classique de 1962 réalisé par Roberto Farias, ainsi que le documentaire Garrincha (1963) sur le mythique footballeur baptisé «le génie aux jambes tordues».

Le 2e Festival du film brésilien de Montréal, jusqu'au 11 décembre. Attention, les sous-titres sont en français ou en anglais, selon la séance. Informations et horaires à www.brazilfilmfest.net.