Le cinéma hollywoodien s'est inquiété cette semaine d'une explosion du piratage de films américains avec la crise économique, notamment en Chine où neuf DVD vendus sur 10 sont des copies.

«Il s'agit d'une question prioritaire», a estimé Dan Glickman, président de l'association MPAA (Motion Picture Association of America), qui défend l'industrie américaine du cinéma.

«La crise économique actuelle rend ce problème bien plus sérieux que par le passé», a-t-il dit lors d'un forum organisé par le Centre d'études stratégiques et internationales (Centre for Strategic and International Studies, CSIS).

«Si nous ne protégeons pas les droits de la propriété intellectuelle, nos pertes seront bien plus importantes», a-t-il jugé, s'inquiétant de l'impact de la crise économique, la plus importante depuis celle des années 1930, sur le piratage de films.

Les studios américains perdent chaque année environ six milliards de dollars à cause du piratage de films dans le monde entier, mais le coût total pour l'industrie du cinéma est trois fois plus élevé, a estimé Dan Glickman, ancien parlementaire démocrate et secrétaire à l'Agriculture de l'administration Clinton.

«Environ 2,7 milliards de dollars de ces pertes ont lieu en Chine, où neuf DVD sur 10 vendus sont des copies illégales», a-t-il indiqué, ajoutant que l'industrie du cinéma et la télévision procurent chaque année à l'économie américaine environ 60 milliards de dollars et fournissent 1,3 million d'emplois.

Alors que le déficit commercial des États-Unis ne cesse de se creuser, M. Glickman a indiqué que le cinéma américain était excédentaire dans pratiquement tous les pays, avec environ 60 % des recettes du box-office venant de l'étranger.

L'ancien parlementaire a cité l'exemple du dernier James Bond, Quantum of Solace, indiquant que 70 % des 500 millions de dollars de recettes brutes enregistrées provenait de l'étranger.

M. Glickman a appelé la Chine a agir de façon plus sévère contre le piratage de films et demandé que les films américains bénéficient d'un meilleur accès dans les pays du monde les plus peuplés, estimant que cela permettrait aux studios américains d'investir plus d'argent dans l'économie locale.

Sur les centaines de films américains sortant chaque année sur le marché, «pas plus de 20 sont autorisés dans les cinémas chinois», a indiqué le président de l'association qui regroupe les plus grands studios américains. «Ceci alimente le marché noir», a-t-il regretté.

Washington a déposé plainte contre la Chine auprès de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) pour entrave à la circulation de «biens culturels», comme les livres, la musique ou les DVD. Les responsables américains soulignent notamment que Pékin avait donné son accord à une ouverture de son marché aux sociétés étrangères lors de son adhésion à l'OMC.

Le film américain le plus populaire en Chine cette année est Kung Fu Panda, qui retrace les aventures d'un panda pataud adepte d'arts martiaux. Ce film produit par les studios hollywoodiens Dreamworks a enregistré un record de recette pour un film d'animation.

Même si son personnage principal est un symbole national, il n'aurait pas pu être produit par la Chine, la censure y étant trop forte, a estimé M. Glickman, citant un rapport qui souligne notamment que la censure «aurait refusé de voir un Panda souffrir de problèmes de surpoids».