Le principal défi de The Curious Case of Benjamin Button était de faire passer Cate Blanchett de 20 à 80 ans et Brad Pitt, de 80 à 20 ans. Et que l'exploit technique soit si parfait qu'il n'attire pas l'oeil au détriment du récit. Rencontre avec ceux qui ont rendu la chose possible. Et crédible.

Les producteurs Kathleen Kennedy et Frank Marshall y tenaient: The Curious Case of Benjamin Button suivant le destin d'un seul homme, un seul acteur devait l'incarner. Du début à la fin. Ou plutôt, de la fin au début.

Parce que cette adaptation de la nouvelle de F. Scott Fitzgerald, réalisée par David Fincher, raconte la vie dudit Benjamin Button, de sa naissance à sa mort. Sauf que cette vie se déroule à contresens. En tout cas, sur le plan physique: il naît avec l'esprit d'un nouveau-né mais dans le corps d'un octogénaire; à partir de là, son esprit vieillit et son corps rajeunit. Au crépuscule de ses jours, son corps de bambin sera habité par l'esprit d'un vieillard.

Pour porter ce conte à rebours, Brad Pitt dans le rôle-titre. Et Cate Blanchett dans celui de Daisy, le grand amour de Benjamin. Celle qu'il n'aura qu'une trop courte période pour aimer, parce que leurs vies vont en sens inverse.

«Le grand défi, pour nous, était d'avoir Brad d'un bout à l'autre du film», fait Kathleen Kennedy, qui a piloté des projets comme Jurassic Park et, ainsi, participé à donner vie à des dinosaures presque une peccadille, par rapport à l'ampleur de ce qu'exigeait Benjamin Button: «Nous avons inventé des techniques, utilisé des technologies qui sont au-delà de la fine pointe. Tout cela, pour arriver à ce que les changements physiques de Brad se fassent en douceur. Pour mettre l'accent, toujours, sur l'émotion, sur le propos; et que jamais l'attention du spectateur ne se porte sur les effets visuels.»

«Il y a eu beaucoup d'expérimentation, ajoute Frank Marshall. Et énormément de patience du côté de Brad. Parce qu'il savait dès le départ, et il l'a accepté et voulu, que ce serait un grand défi non seulement pour les maquillages mais sur le plan technique.» En tout, trois acteurs dont deux nains ont été utilisés pour «incarner» le corps de Benjamin Button sur lequel a été, plus tard, «greffée» la tête, plus ou moins maquillée selon l'âge du personnage, de Brad Pitt.

Troublant? C'est peu dire. Il faut le voir pour le croire. Ou, plutôt, le pas-voir pour le croire, tant le résultat est naturel. Au final. Il en allait autrement pendant le tournage: «Je n'ai vu Brad pour la première fois qu'au milieu du tournage. Avant ça, je donnais la réplique à des inconnus qui portaient des cagoules bleues... ou je berçais une poupée que trois manipulateurs faisaient bouger à distance», raconte Taraji P. Henson, qui incarne la mère adoptive de Benjamin sa mère naturelle est morte en couches et son père, horrifié par l'apparence du bébé, l'a abandonné dans une maison... de retraite de La Nouvelle-Orléans.

Parce que c'est là que le long métrage a, en grande partie, été tourné avec une parenthèse de deux semaines à Montréal, qui sert à «camper» Paris et Moscou: «La décision était prise de tourner à La Nouvelle-Orléans quand Katrina a frappé. Nous aurions pu aller ailleurs. Sauf que deux jours après l'ouragan, nous avions les responsables de leur bureau du cinéma au bout du fil, qui nous encourageaient à ne pas changer nos plans. Nous leur avons fait confiance... et avons intégré au film le drame que ces gens avaient vécu.»

Eric Roth, dont ceux qui ont vu Forrest Gump reconnaîtront la patte, a donc repris le collier. Ce n'était pas un problème: ce projet est de ceux qui vont chercher leurs participants jusque dans les tripes. «Je savais, en écrivant le scénario, que si les effets spéciaux ne marchaient pas, le film serait une blague. Mais j'avais confiance en David Fincher, exactement comme j'avais eu foi en Robert Zemeckis pour Forrest Gump. Ces grands réalisateurs ont tous une grande curiosité et ils posent, à tous, des questions difficiles auxquelles vous ne pouvez répondre si vous êtes le moindrement paresseux.»

Ce que, visiblement, personne n'était au sein de cette équipe qui a su faire un film si réaliste de ce conte à rebours... qu'il en devient un conte de faits.

The Curious Case of Benjamin Button
prend l'affiche le 25 décembre, en anglais et en français (L'étrange histoire de Benjamin Button)
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Les frais de voyage de ce reportage ont été payés par Paramount Pictures