Les 66es Golden Globes auront été ceux de Slumdog Millionaire et de Kate Winslet. Le film a gagné les prestigieux prix de meilleur drame, de la meilleure réalisation et du meilleur scénario. Quant à l'actrice anglaise, elle a réussi un rare doublé?: meilleur premier rôle (Revolutionary Road) et meilleur rôle de soutien (The Reader), catégorie drame.

«Pourquoi c'est mon gala préféré? Parce qu'il est court et parce qu'il y a de la bouffe et de l'alcool», a dit Peter Gabriel, dimanche, en direct du tapis rouge des Golden Globes, décernés par l'Association de la presse étrangère de Hollywood.

Le gala s'est aussi révélé plutôt agréable pour les téléspectateurs. Comme aux Oscars, on y voit des gens plus beaux et plus riches que soi, mais dans un contexte un peu moins pompeux. Et avec des gagnants qui pour la plupart comprennent la signification du mot «bref» - qui implique notamment de ne pas remercier jusqu'au directeur de sa caisse populaire.

Après avoir gagné cinq prix, dont celui du meilleur film, la semaine dernière, aux Critics Choice Awards, Slumdog Millionaire a poursuivi sur sa lancée. En plus du triplé meilleur drame-meilleure réalisation-meilleur scénario, le long métrage a aussi remporté le prix de la meilleure trame sonore.

 

Visiblement surprise de son rare doublé, Kate Winslet a paru très émue en acceptant le prix de la meilleure actrice dans un premier rôle, catégorie drame. Mickey Rourke, lui, a semblé plus ébahi qu'exubérant lorsqu'il a récolté le prix du meilleur acteur, catégorie drame, pour sa prestation dans The Wrestler. À insérer dans la catégorie rédemption.

Heath Ledger, lui, n'aura pas survécu à ses excès. Sans surprise, le regretté acteur a obtenu le trophée du meilleur rôle de soutien pour son interprétation possédée du Joker dans The Dark Knight. Le réalisateur Christopher Nolan a accepté le prix en son nom. Son hommage a évité de dégénérer en festival du mouchoir. «Nous tous qui avons travaillé avec Heath acceptons ceci avec un mélange de tristesse et de fierté incroyable», a-t-il déclaré.

La victoire de Valse avec Bachir (film étranger) a aussi permis de déborder du cadre du divertissement. Le réalisateur israélien Ari Folman a glissé quelques mots sur l'incessant conflit qui secoue son pays d'origine: «Comme promis, nous dédions ce prix aux huit bébés de l'équipe qui sont nés durant la réalisation de ce film en espérant que, lorsqu'ils seront vieux, ils percevront la guerre qu'il montre comme une sorte de jeu vidéo qui n'a rien à voir avec leur vie.»

Dans un autre registre, Sacha Baron Cohen (Borat) a ajouté un peu de venin à la formule mielleuse des présentations. «Madonna a viré son assistant personnel, Guy Ritchie», a-t-il déclaré. Ce à quoi plusieurs convives ont répliqué par un «tst!» indigné, en gros plan devant les caméras.

L'année de Tina Fey

L'année 2008 aura aussi été celle de Tina Fey. Après s'être transformée en miroir hallucinant de Sarah Palin, la comédienne a récolté hier les honneurs pour sa série télé 30 Rock. La série a gagné les trois prix pour lesquels elle était nommée: meilleur acteur comique (Alec Baldwin), meilleure actrice comique (Tina Fey) et meilleure série comique. «Si jamais vous vous sentez trop bien, ils ont ce truc appelé internet... Un truc sur lequel il existe plein de gens qui ne vous aiment pas», a lancé Tina Fey, avant de comiquement énumérer les pseudonymes de gens qui l'auraient invectivée sur la Toile.

La série historique John Adams a aussi obtenu une note parfaite en décrochant les quatre prix pour lesquels elle était en nomination.

L'année dernière, la grève des scénaristes avait forcé l'organisation des Golden Globes à transformer le gala en conférence de presse expéditive. C'était le retour au faste cette année, même si la crise économique a, dit-on, contraint l'organisation à réduire un peu son budget. Sans pour autant être l'antichambre des Oscars, les Golden Globes en constituent un indicateur imparfait mais utile. Les bonnes nouvelles pourraient se poursuivre pour Slumdog Millionaire. Reste maintenant à savoir si la Guilde des acteurs déclenchera une grève avant les Oscars.

Les gagnants

Cinéma
Meilleur film - drame : Slumdog Millionaire
Meilleur acteur - drame : Mickey Rourke, The Wrestler
Meilleure actrice - drame : Kate Winslet, Revolutionnary Road
Meilleur film - comédie ou comédie musicale : Vicky Cristina Barcelona
Meilleur acteur - comédie ou comédie musicale : Colin Farrell, In Bruges
Meilleure actrice - comédie ou comédie musicale : Sally Hawkins, Happy-Go-Lucky
Meilleure réalisation : Danny Boyle, Slumdog Millionaire
Meilleur scénario : Simon Beaufoy, Slumdog Millionaire
Meilleur acteur de soutien : Heath Ledger, The Dark Knight
Meilleure actrice de soutien : Kate Winslet, The Reader
Meilleur film étranger : Valse avec Bachir (Israël)
Meilleur film d'animation : Wall-E
Meilleure trame sonore : A.R. Rahman, Slumdog Millionaire
Meilleure chanson : Bruce Springsteen, The Wrestler

Télévision
Meilleure série télé - drame : Mad Men
Meilleure actrice série télé - drame : Anna Paquin, True Blood
Meilleur acteur série télé - drame : Gabriel Byrne, In Treatment
Meilleure série télé - comédie ou comédie musicale : 30 Rock
Meilleur acteur série télé - comédie ou comédie musicale : Alec Baldwin, 30 Rock
Meilleure actrice série télé - comédie ou comédie musicale : Tina Fey, 30 Rock
Meilleure minisérie ou série tournée pour la télévision : John Adams
Meilleure actrice - minisérie ou série tournée pour la télévision : Laura Linney, John Adams
Meilleur acteur - minisérie ou série tournée pour la télévision : Paul Giamatti, John Adams
Meilleure actrice de soutien - minisérie ou série tournée pour la télévision : Laura Dern, Recount
Meilleur acteur de soutien - minisérie ou série tournée pour la télévision : Tom Wilkinson, John Adams