Ex-Centris mettra fin à sa programmation régulière en salle à la fin du mois de mars, a appris La Presse. Dès lors, le repaire des cinéphiles du boulevard Saint-Laurent ne présentera plus de films dans ses deux principales salles (Cassavetes et Fellini). Le cinéma Parallèle, qui occupe la troisième salle d'Ex-Centris, devra pour sa part trouver de nouveaux locaux.

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Les trois salles d'Ex-Centris se consacreront désormais à des événements d'entreprise, ce qui n'exclut pas une première de cinéma de temps à autre ou un festival, par exemple. La plupart des quelque 40 employés qui travaillent à la billetterie, à l'accueil et à la programmation d'Ex-Centris perdront néanmoins, selon toute vraisemblance, leur emploi.

Jointe lundi en fin d'après-midi, la direction d'Ex-Centris n'a pas voulu confirmer ou infirmer ces informations. «Tout ce que je peux dire, c'est que nous ne fermerons pas nos portes», a indiqué Isabelle Gauthier, adjointe au président et fondateur Daniel Langlois. Elle assure qu'un communiqué sera publié ce matin pour détailler l'annonce.

Claude Chamberlan, ambassadeur d'Ex-Centris, a toutefois confirmé la nouvelle, hier en fin d'après-midi. «C'est triste, très triste. Que ces salles ferment, c'est une grande perte pour le cinéma québécois», se désole-t-il.

M. Chamberlan a fondé le cinéma Parallèle il y a 41 ans. Le cinéma qui logeait à Ex-Centris depuis l'ouverture du complexe en 1999 doit maintenant trouver une nouvelle salle afin de poursuivre ses activités. «J'ai appris tantôt à l'heure du dîner qu'il faudrait le déménager. On va trouver une autre salle, j'en suis certain. Le Parallèle, c'est un success story. On a déjà atteint 40% de taux d'occupation, et on se maintient aujourd'hui à environ 28%. C'est nettement en haut de la moyenne canadienne, de 13-15%.»

Réputées pour la qualité de leur programmation, les deux autres salles d'Ex-Centris jouissaient elles aussi d'un taux de fréquentation supérieur à la moyenne.

«Je ne voyais pas venir leur fermeture, avoue Claude Chamberlan. Les deux autres salles aussi allaient assez bien (...) Oui, Ex-Centris a connu des baisses, mais le reste de l'industrie aussi. Et puis, tout ça n'est pas nouveau. Le cinéma indépendant, ça a toujours été financièrement rough

Les salles de cinéma d'Ex-Centris subiront donc le même sort que le Cinéma du Parc, fermé par Daniel Langlois en juillet 2006. Il a depuis été rouvert sous une nouvelle administration.

Le FNC en attente

Le Festival du nouveau cinéma (FNC) pourrait être touché par ce changement de cap. Ex-Centris est le présentateur officiel de la manifestation programmée par M. Chamberlan.

Nicolas Girard Deltruc, directeur général du FNC, a indiqué hier qu'une rencontre est prévue dans les prochains jours avec l'équipe d'Ex-Centris. Lors des plus récents festivals, l'échange de visibilité entre le FNC et Ex-Centris permettait aux organisateurs de louer les salles à un tarif avantageux. Le partenariat changera-t-il? «Je n'en sais rien pour l'instant, répond-il. J'espère vraiment que non. Ce serait dommageable pour nous.»

Le milieu étonné

Les réalisateurs et distributeurs joints lundi étaient étonnés par nos informations. «Les bras me tombent, a lancé Louis Dussault, président du distributeur K-Films Amérique. La diversité de l'offre du cinéma d'auteur souffrirait beaucoup de la fermeture de la programmation en salle d'Ex-Centris, même si je trouve qu'elle manquait d'audace depuis quelques années.»

Ex-Centris est un des quelques complexes de cinéma ayant présenté Le ring, premier long métrage d'Anaïs Barbeau-Lavalette. La réalisatrice était secouée par nos informations. «Ce serait une immense perte pour des créateurs comme moi. Et aussi pour les cinéphiles.»

Ex-Centris, un complexe de cinq étages, abrite des salles de cinéma de 93, 188 et 271 places ainsi que des studios de production et de postproduction numérique en plus de bureaux d'entreprises, notamment ceux d'agences de communications comme Publicis et BCP. Daniel Langlois en est le fondateur et président. Il a aussi fondé SoftImage en 1986, et préside aujourd'hui Entreprises Terra Incognita.

Sur son site, Ex-Centris dit remplir un double mandat: donner accès au public à une programmation de haute qualité et diversifiée d'oeuvres d'auteurs indépendants, et servir de lieu d'échange pour artistes oeuvrant dans le cinéma, les arts de la scène et les nouveaux médias. Selon nos informations, ses salles de cinéma pourraient être transformées en partie en centre multimédia.

- Avec la collaboration d'Alain De Repentigny

À consulter  :

> Dur coup pour les cinéphiles