Le film d'animation israélien sur les massacres de Sabra et Chatila, Valse avec Bachir, nommé jeudi à l'Oscar du meilleur film étranger, ne sortira pas au Liban en raison d'une politique de boycottage des produits israéliens, a affirmé le ministre de l'Information.
  
À la question de savoir si le film d'Ari Folman, qui a remporté le 11 janvier le Golden Globe du film étranger pour Israël, allait être visionné au Liban, le ministre Tarek Mitri a indiqué à la presse que «selon la loi actuelle, il est illégal d'importer ou de visionner des films israéliens».
  
Le ministre, lui-même opposé à la censure et ayant proposé dans le passé un projet de loi l'abolissant, a souligné que l'interdiction du film était «absurde car tout peut être téléchargé via Internet».
  
«Nous devons abolir la censure pour pouvoir voir des films comme ceux-là. Les parties qui s'estiment lésées pourraient à ce moment recourir à la justice», a-t-il dit.
 
 Le film de M. Folman, ancien soldat de l'armée israélienne déployé au Liban, met en images d'animation la première guerre au Liban dans un documentaire autobiographique.
  
Hanté par le souvenir enfoui des massacres des camps palestiniens de Sabra et Chatila perpétrés en 1982 par les phalanges chrétiennes libanaises sous les yeux des soldats israéliens, le héros, Ari, part en quête d'un passé dont il ne se rappelle rien.
  
Le film a été toutefois visionné lors d'une audience privée par la directrice d'une ONG libanaise, UMAM, qui mène des activités centrées sur la mémoire collective libanaise, notamment concernant la guerre civile libanaise.
  
«Nous avons invité une trentaine d'amis samedi, mais comme le film avait obtenu le Golden Globe, nous nous sommes retrouvés avec 90 personnes», a expliqué à l'AFP Monica Borgmann.
  
«Je reçois beaucoup d'appels de gens qui souhaitent voir le film», a-t-elle souligné.
  
«C'est dommage qu'un film assez critique envers Israël ne passe pas au Liban, surtout qu'il traite d'une période cruciale dans l'histoire des Libanais, des Palestiniens et des Israéliens», affirme Mme Borgmann, selon qui «voir le regard de l'autre est extrêmement important».
  
En 2008, le film d'animation Persépolis sur la Révolution islamique iranienne a été interdit par la Sûreté générale libanaise, chargée de la censure, avant d'être autorisé sous la pression de l'opinion publique.