Lina Moreco combat le pouvoir depuis presque deux décennies. Les pouvoirs, en fait : celui de la prison avec son documentaire La mort des masques, celui des services sociaux avec De l'autre côté du monde.

Plus récemment, elle s'est attaquée au pouvoir médical, avec des documentaires sur l'euthanasie, Mourir pour soi, sur l'acharnement thérapeutique en pédiatrie, Médecine sous influence, et la vaccination universelle, Silence on vaccine, qui sort la semaine prochaine.

«J'ai toujours été très allergique au pouvoir, explique Lina Moreco, en entrevue dans un café du Plateau. Certains s'en servent pour faire le bien, mais souvent, on en abuse et on force des gens à faire des choses contre leur gré. Pour ce qui est des vaccins, je trouve qu'il y a beaucoup de pression pour se faire vacciner. Je n'accepte pas qu'on me pousse à me faire vacciner contre la grippe au travail.»

La cinéaste n'a pas d'enfants, mais ceux de son conjoint n'ont pas reçu tous leurs vaccins, précise-t-elle.

La réalisatrice, qui a remporté un prix Gémeaux pour Médecine sous influence, a connu une enfance difficile, dans plusieurs familles d'accueil.

«Quand je suis sortie de là, à l'âge adulte, je ne comprenais pas pourquoi on m'avait imposé ça toute mon enfance. Disons que j'ai gardé un problème avec l'autorité.»

L'idée du film lui est venue en discutant avec un couple de parents rencontrés pour Médecine sous influence, dont l'enfant avait eu un trouble neurologique moins d'une heure après avoir reçu un vaccin. Les médecins qu'ils avaient rencontrés avaient refusé d'établir un lien entre le vaccin et la maladie.

«S'il y avait un protocole pour soigner les gens qui ont une réaction après un vaccin, le film n'existerait pas», dit-elle.

Silence on vaccine est présenté dans le communiqué de presse de l'ONF comme un documentaire qui est «loin de rejeter les avantages indéniables et largement documentés de la vaccination».

Mais en réalité, il est très agressif dans sa condamnation des effets secondaires négatifs de la vaccination, se basant notamment sur des chercheurs controversés et même répudiés par le milieu médical.

Pourquoi cet écart entre l'oeuvre et le communiqué? «Évidemment, ce film va choquer, déranger et bouleverser certaines personnes puisque j'ai voulu ouvrir un dialogue qui n'existe pas en ce moment», a expliqué Mme Moreco après avoir longuement réfléchi.

«Les producteurs m'ont proposé de mettre ces textes de début et de fin du film afin d'éviter tout vent de panique dans le public et d'entrée de jeu nuancer les propos du film», poursuit-elle.

Les textes auxquels Mme Moreco se réfère suggèrent notamment de discuter des effets secondaires et de la pertinence de la vaccination avec un médecin. En entrevue, Mme Moreco précise que ce médecin peut être un naturopathe, selon elle.

Quels sont ses prochains projets? Tout en terminant un doctorat en sociologie sur l'éthique médicale, Mme Moreco prépare deux autres documentaires.

Le premier proposera une intégration des médecines alternatives à la médecine officielle - elle est entre autres une fervente partisane des controversées chambres hyperbares. L'autre, sur les relations hommes-femmes sous l'angle de la «chambre à coucher».

Silence on vaccine prend l'affiche le 30 janvier.