Après une année 2008 marquée par la baisse de la fréquentation des salles de cinéma - pour les films québécois en particulier -, exploitants, producteurs et distributeurs espèrent faire fi du ralentissement économique et séduire les spectateurs avec des tarifs revus à la baisse et une campagne de promotion à l'échelle de la province.

Fidèle allié du cinéma québécois, le spectateur francophone des régions a pris ses distances avec le cinéma national en 2008. Résultat: moins de revenus et moins de fréquentations pour les exploitants et les propriétaires de salles, moins de recettes pour les distributeurs, constataient hier les participants de Ciné-Québec, la rencontre annuelle de l'industrie dans les Laurentides.

«Il y a des inquiétudes: on s'est rendu compte qu'il y avait une baisse marquée des revenus au cinéma, surtout pour les francophones, dit Jean Colbert, président de Ciné-Québec. Du côté québécois, on a eu des films intimistes, qui ne rejoignaient pas un large public. Or, on se rend compte qu'en région, les gens veulent voir des films québécois, sinon ils ne viennent pas.»

Pour renverser la vapeur, distributeurs, producteurs et exploitants de salles ont imaginé, lors d'un panel organisé hier, plusieurs mesures à prendre. «On s'entend tous pour dire que ce serait intéressant de faire une campagne générique pour rappeler aux gens ce qu'est le plaisir de voir des films en salle, pour remettre aussi l'expérience cinématographique au goût du jour», dit Pierre Even, producteur de Cirrus Communications, panéliste invité à Ciné-Québec.

Le projet de campagne, «très embryonnaire», pourrait se rapprocher de la campagne de promotion pour les fromages québécois, dit M. Even. Un comité formé d'exploitants et propriétaires de salles de cinéma, distributeurs et producteurs sera également organisé «pour discuter au cours de l'année de problèmes qui se posent», poursuit M. Even.

La mauvaise réputation des multiplexes québécois inspire également plusieurs réflexions aux propriétaires de salles.

«On a du travail à faire, juge M. Colbert. On veut offrir une meilleure qualité pour les projections, avoir aussi du personnel professionnel (...) On veut aussi éduquer notre public. On veut préparer des bandes-annonces, aussi, pour demander aux gens de respecter le silence en salle.»

Enfin, les propriétaires n'excluent pas de charmer les spectateurs grâce à des tarifs réduits. «On veut préparer des offres différentes: par exemple, des programmes pour les familles. Ou faire des rabais, comme on a déjà le mardi soir, parce que c'est très populaire», explique M. Colbert.

Une bonne offre québécoise

Si les films québécois ont éprouvé, en 2008, des difficultés à trouver un large public, les exploitants de salles, comme les distributeurs, se veulent optimistes pour l'année 2009. À Ciné-Québec, le «buzz» commence d'ores et déjà à se créer autour de certains films «porteurs», capables d'attirer en salle les spectateurs francophones.

Le distributeur Alliance Vivafilm veut croire au potentiel de ses comédies (De père en flic, d'Émile Gaudreault, 1981, de Ricardo Trogi) et ses films de genre (5150 rue des Ormes et Les 7 jours du talion). Séville sortira de son côté le deuxième volet d'À vos marques... party!, mais aussi le film noir de Sylvain Guy, Léo Huff. Enfin, TVA Films mise sur le film biographique Dédé à travers les brumes et sur le centenaire du Tricolore (Pour toujours, les Canadiens!).

Guzzo confiant

Vincent Guzzo, le vice-président des cinémas Guzzo, se réjouit: «C'est un meilleur line-up que celui de l'an dernier. On est revenus à faire des films de qualité. Prenez Les 7 jours du talion, ça, c'est un film d'actualité. Les gens sont toujours intéressés à voir une bonne histoire.»

Inquiète après 2008, l'industrie du cinéma québécois refuse de céder au pessimisme en 2009, au contraire. «Je ne crois pas qu'il y ait un problème à long terme. On a survécu aux attaques des DVD et de la cassette... On a en a vu d'autres», rappelle Vincent Guzzo.

«Je prédis même une hausse du box-office montréalais, ou dans mes salles au moins, de 10 % l'an prochain, gage M. Guzzo. Si personne ne vient saboter la mise en marché des films, le contexte économique va donner envie aux gens de revenir au cinéma.»