Sylvie Haviernick a dû faire beaucoup d'efforts et vivre de longues hésitations avant de se décider à aller au visionnement d'un film racontant l'assassinat de 14 jeunes femmes, dont celui de sa propre soeur.

Le 6 décembre 1989, en fin de journée, un homme de 25 ans se présentait à l'École Polytechnique de Montréal avec un fusil semi-automatique dans son sac. Après avoir rôdé pendant environ une heure, Marc Lépine ouvrait le feu et faisait une première victime.

Il se dirigeait ensuite dans des salles de cours, séparait les hommes des femmes, déclarait qu'il hait les féministes et ouvrait le feu à nouveau. Avant de retourner l'arme contre lui, Lépine aura tué 14 femmes et blessé plusieurs personnes.

Le 6 février prochain, Polytechnique prendra l'affiche et relatera cette tuerie telle que vécue par deux étudiants fictifs. Il y a deux semaines, soit une semaine avant le visionnement de presse, le film a été présenté aux membres des familles de victimes de la tragédie. Et Sylvie Haviernick, dont la soeur Maud a tombé sous les balles de Lépine, y était.

«On se pose beaucoup de questions avant, a-t-elle expliqué lors d'une entrevue avec La Presse Canadienne. C'est un choix personnel, il y a des familles qui veulent (voir le film), d'autres qui ne (le) veulent pas.» Selon elle, d'autres familles de victimes voudront visionner le film, mais pas avant le lancement officiel.

Pour sa part, Mme Haviernick a affirmé ne pas regretter d'avoir assisté au visionnement. D'ailleurs, elle ne s'est jamais opposée à l'idée même de produire un film portant sur ces événements tragiques.

«Je pense qu'on ne peut pas empêcher quelqu'un de créer une oeuvre par rapport à un sujet particulier», a-t-elle fait valoir.

«C'est certainement un film qui était attendu et c'est bien que cela se soit fait». Le film aurait même pu être produit avant aujourd'hui, à son avis.

«Ce n'est pas une question de bon ou de mauvais moment, a affirmé Sylvie Haviernick. Moi je pense que c'est inhérent à l'oeuvre: si les gens se sentent en confiance pour traiter d'une question aussi importante que (celle de) la tragédie de la Polytechnique, ce n'est pas le nombre d'années qui est important, c'est la façon de traiter et d'aborder la question.»

Impossible cependant d'obtenir ses impressions et son opinion sur ce qu'elle a vu: Sylvie Haviernick a dit préférer attendre la sortie du film Polytechnique avant de le commenter.

Elle a toutefois indiqué qu'elle avait l'intention de revoir le film avec des membres de sa famille et des amis, peu après la sortie en salle.