Stephen Frears, Kate Winslet ou encore Bertrand Tavernier sont attendus à partir de jeudi au 59e Festival du film de Berlin, le premier des trois grands rendez-vous de l'année (avant Cannes et Venise), où 18 films, dont 14 en première mondiale, brigueront l'Ours d'Or.

Comme souvent à la Berlinale, de nombreuses oeuvres présentées en compétition ou dans les sections parallèles abordent une thématique très politique, et liée à l'actualité.

Plusieurs fictions ou documentaires se penchent ainsi sur la crise financière et plus généralement sur les dérives du capitalisme et de la mondialisation, mais aussi sur l'immigration clandestine ou la malbouffe.

Dès la soirée d'ouverture, les festivaliers exploreront les arcanes de la finance internationale dans The International, une grosse production germano-américaine signée Tom Tykwer (Le parfum), sur la toute-puissance d'une multinationale.

Selon les organisateurs, ce thriller politico-financier avec Clive Owen et Naomi Watts, présenté hors compétition en avant-première mondiale, va trouver une résonance particulière du fait de l'actualité.

«Nous l'avons sélectionné il y a plusieurs mois, mais depuis c'est presque devenu un documentaire sur la crise financière», observe Dieter Kosslick, le directeur du festival, qui s'achèvera le 15 février.

Parmi les grandes signatures attendues sur le tapis rouge berlinois, le Français Rachid Bouchareb (Indigènes) présentera London River, inspiré des attentats à Londres en 2005, Stephen Frears son Chéri adapté du roman homonyme de Colette, et Costa-Gavras Éden à l'Ouest, road-movie d'un immigré clandestin en quête de l'eldorado européen.

Le Français François Ozon sera également de la partie, avec Ricky, une fable sur un bébé joufflu qui se voit pousser des ailes, tandis que Bertrand Tavernier présentera Dans la brume électrique, un polar américain avec Tommy Lee Jones.

Pour le journaliste spécialisé Scott Roxborough, correspondant en Allemagne du magazine The Hollywood Reporter, la sélection 2009 semble «très équilibrée», avec «des films politiques et beaucoup de stars».

«Il n'y a pas beaucoup de grosses surprises, comme on a pu en voir à Cannes avec par exemple Valse avec Bachir ou le film roumain qui a gagné la Palme d'Or il y a deux ans» (Quatre mois, trois semaines, deux jours, de Cristian Mungiu). «Berlin n'a pas l'air de rechercher ce genre de choses», estime-t-il.

«Mais chacun pourra y trouver son compte - la presse populaire, qui aura ses stars, les amateurs de cinéma d'auteur, et également ceux d'un cinéma plus grand public, qui espèrent voir ici des films qui sortiront du lot et auront un succès international».

En marge de la course à l'Ours d'Or - qui sera remis le 14 février par la présidente du jury, l'actrice écossaise Tilda Swinton -, les sélections parallèles aborderont certains sujets de société brûlants.

Le festival se penchera ainsi sur le contenu de nos assiettes, avec les documentaires Food, inc. de l'Américain Robert Kenner, sur les méthodes de l'industrie agroalimentaire, ou Terra Madre, où l'Italien Ermanno Olmi ausculte le mouvement «éco-gastronomique» du slow food.

Enfin, Berlin n'oubliera les 20 ans de la chute de son Mur, en novembre prochain, avec une rétrospective consacrée au cinéma des pays communistes de la fin de la Guerre froide, et une série de courts métrages sur l'Allemagne de 2009 réalisés par des «pointures» du cinéma national comme Fatih Akin (De l'autre côté) ou Wolfgang Becker (Good Bye Lenin).

Les films de la 59e Berlinale

The International, Tom Tykwer, Etats-Unis/Allemagne (film d'ouverture, hors-compétition)
Alle Anderen, Maren Ade, Allemagne
Chéri, Stephen Frears, Grande-Bretagne/Allemagne/France
Darbareye Elly, Asghar Farhadi, Iran
Deutschland 09, Fatih Akin, Tom Tykwer, Wolfgang Becker, Sylke Enders, Dominik Graf, Christoph Hochhaeusler, Romuald Karmakar, Dani Levy, Nicolette Krebitz, Angela Schanelec, Isabelle Stever, Hans Steinbichler et Hans Weingartner, Allemagne (hors-compétition)
Mei Lanfang, Chen Kaige, Chine
Gigante, Adrian Biniez, Uruguay/Allemagne/Argentine/Pays-Bas
Happy Tears, Mitchell Lichtenstein, États-Unis
In the Electric Mist, Bertrand Tavernier, France/États-Unis
I skoni tou chronou, Theo Angelopoulos, Grèce/Italie/Allemagne/Russie (hors-compétition)
Katalin Varga, Peter Strickland, Roumanie/Grande-Bretagne/Hongrie
La Teta Asustada, Claudia Llosa, Espagne/Pérou
Lille Soldat, Annette K. Olesen, Danemark
London River, Rachid Bouchareb, Algérie/France/Grande-Bretagne
Mammoth, Lukas Moodysson, Suède/Allemagne/Danemark
The Messenger, Oren Moverman, États-Unis
My One and Only, Richard Loncraine, États-Unis
Notorious, George Tillman Jr, États-Unis (hors-compétition)
Pink Panther 2, Harald Zwart, États-Unis (hors-compétition)
The Private Lives of Pippa Lee, Rebecca Miller, États-Unis (hors-compétition)
Rage, Sally Potter, Grande-Bretagne/États-Unis
The Reader, Stephen Daldry, États-Unis/Allemagne (hors-compétition)
Ricky, François Ozon, France/Italie
Sturm, Hans-Christian Schmid, Allemagne/Danemark
Tatarak, Andrzej Wajda, Pologne